Le livre du jour - L’ivresse de la bascule, de Véronique Fiszman

Par Benard

Voilà un roman qui nous emporte très rapidement. Très vite , on est avec « eux », dans leur monde , à leur rythme. L’écriture est alerte, imagée, parfois crue et ,par touches, très révélatrices des comportements humains ordinaires : on y voit comment une jeune femme ne sait résister à qui la flatte, ignorant encore que la flatterie n’est qu’une stratégie systématique , on y voit des collègues de travail assassines, sympathiques devant , persifleuses derrière, on y voit les couples trompe-l’œil dans lesquels en fait , rien ne va.
On y voit l’humain se débattre à vivre au jour le jour sans trop de recul.
En ce sens , c’est très réussi et on suit .

Constance a 43 ans et cherche encore une vraie histoire , tout en étant une célibataire endurcie, sans enfants et quelque peu coincée.
Elle essaie même Meetic , ce qui nous vaut un début de livre amusant quoique pas forcément vraisemblable.
Elle aime sa liberté mais se demande ce qu’elle en fait .Elle se consacre à son travail, normal ! et parfois à son vieux père.L ‘ensemble fait un  documentaire  agréable sur les participants à la vie d’un laboratoire médical.
Nous assistons aux scènes de ce système social : les réunions de travail, les jalousies entre collègues, les moqueries, le mariage tape à l’œil d’un membre du personnel au cours duquel on s’ennuie ferme, les infidélités des uns , le travail des autres …

Constance la « droite » va tomber sur le séducteur du groupe et ils vont se surprendre tout deux par leurs différences.

Le roman fermé, on a l’impression d’avoir participé à l’histoire d’amour entre Constance et Marc sans pour autant s’être identifié à aucun des deux ni à personne.

Là est peut être la faiblesse : les personnages sont un peu caricaturaux, elle psycho-rigide et lui cavaleur ,les collègues franchement garces , l’épouse franchement dure , les frères et sœurs intéressés par l ‘héritage , le père totalement mutique…

Un bon roman qui se lit d’un trait , qui laisse dans l’ambiance et où, si on ne s’identifie pas aux personnages , on se laisse concerner par la possible ivresse d’une bascule.

D.B.

Source : http://madamedub.com/crbst_119.html