Le numéro 19 de la belle revue Fusées propose un important dossier consacré au poète autrichien Ernst Jandl (1925-2000) dont Poezibao avait déjà publié quelques textes en 2007, grâce à des traductions de Lucie Taïeb. Ce dossier comprend des poèmes de Jandl traduits par Alain Jadot et Christian Prigent, mais aussi des « craductions » des mêmes et de Jacques Demarcq et Jean-Pierre Verheggen, des « crobards clébards » et enfin des études, hommages et témoignages divers.
de un langue
écrire et parler dans un langage délabré
ça être manifester, ça être montrer jusqu’où
on être tombé avec cette genre de truc sa
crotte de vie lui foutre en pelletées de mots
et manifester ça comme un des tas puants
dont ça être. ça plus donner un enjolivé
plus rien maquillé. ou être mots, pareil puants
pareil langues-mots délabrés pour chacun cas
un masque devant les vrais visages qu’avoir bouffé
ratures, ça être un question, un assassonat.
du courage
flemmardeux
c’est rien lire zéro livre
c’est rien lire zéro journal
c’est rien lire pas du tout
flemmardeux
c’est rien apprendre ni lire ni écrire
c’est rien apprendre zéro compter
c’est rien apprendre pas du tout
flemmardeux
c’est rien bouger zéro petit doigt
c’est rien faire zéro boulot
c’est rien travailler pas du tout
flemmardeux
tant que bouche ouvre et ferme
tant qu’air y entre et en sort
c’est rien du tout.
Ernst Jandl, in revue Fusées n° 19, traduction de Alain Jadot et Christian prigent, pp. 73 et 75.
Ernst Jandl dans Poezibao :
bio-bibliographie, extraits 1
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