Living With Yourself est donc - vous l’aurez compris ! - un album de guitares. Acoustiques ou électriques, voire méconnaissables, elles y sont omniprésentes et remplissent l’espace. Car, le jeu particulier de Mark McGuire ne saurait s’exprimer sans ces nombreux assemblages de loops qui se superposent inlassablement, additionnés à un usage subtil du delay. C’est pourquoi les notes de guitares clapotent et virevoltent dans un imbroglio de notes surtout sur "Brain Storm". On pense parfois au trio Maserati, le côté "dance" en moins, notamment sur l’ouverture de "Clouds rolling in", même si les sonorités d'Emeralds ne sont pas loin ("Clear the cobwebs" et son final en gouttes d'eau).
Mais, alors que chacun des morceaux pourrait relever du pur exercice de style, le guitariste Américain y instille une dose d’émotions à fleur de peau. Car Living with yourself est aussi une œuvre autobiographique, une sorte d’introspection dans les souvenirs de l’enfance. Chaque titre renvoie à un souvenir précis parfois rendu flou par la défaillance de la mémoire. Ce flou, c’est ce drone souvent relayé en arrière plan mais dont la densité grandit et finit par tout envelopper. L’inaugural "The vast structure of recollection" débute d’ailleurs par des samples, bribes de paroles d’enfants, avant d’être noyé dans un crescendo de bruits. Mais quand le brouillard s’estompe, c’est pour laisser place à un entrelacs de guitare mélodieux. Avec beaucoup de notes, McGuire parvient quand même à rendre sa musique légère et mélodieuse, preuve d'un véritable talent de soliste.
En bref : Mark McGuire signe ici un disque intensément beau, sans doute le plus accessible de sa discographie, que les adeptes d'Emeralds pourront apprécier à sa juste valeur.
"Brain Storm" :
Mark McGuire, en action :
À noter que le label autrichien Editions Mego prévoit d'éditer, le 5 mai, une compilation rassemblant une vingtaine de morceaux de Mark McGuire issus d'éditions limitées (plus d'infos ici)