Demain j'aurai vingt ans

Par Lorraine De Chezlo
d'Alain Mabanckou
Roman - 380 pages
Editions Gallimard - août 2010

Congo, années 70. Le petit Michel, 10 ans, grandit à Pointe Noire, au sein d'une famille de classe moyenne, avec papa Roger son père adoptif, maman Pauline qui le gâte avec ses plats de haricots - viande, maman Martine la deuxième épouse, tonton René qui se la raconte sans cesse, Lounès son meilleur ami et puis Caroline, la soeur de ce dernier, dont il est amoureux.

Avec Demain j'aurai vingt ans, il n'y aura pas de lecteur reprochant à l'auteur ses phrases interminables sans virgule, sans respiration. Ici l'auteur opte pour la syntaxe conventionnelle, avec un narrateur enfant, Michel, et quelques expressions légèrement grammaticalement incorrectes pour coller au style oral infantil. Alors oui, le récit est vivant, on s'attache à ce petit garçon qui nous parle avec sincérité, malice, mais on est très loin de la truculence de Verre Cassé ou Mémoires de porc-épic (et c'est vrai que c'est cette verve insolente que j'aime chez cet auteur, et que je m'attendais à retrouver dans ce roman).

Extrait :
"Si parfois je n'arrive pas à dormir ce n'est pas toujours à cause du baiser que j'attends de ma mère, c'est aussi à cause de la moustiquaire qui me gêne. Quand je me mets dedans j'ai l'impression que l'air qui entre dans mes poumons c'est le même que j'ai déjà respiré hier soir et je ne fais plus que transpirer jusqu'à mouiller le lit comme si j'avais fait pipi alors que non.
Les moustiques de notre quartier sont bizarres, ils aiment trop la transpiration, comme ça ils se collent à ta peau et ont tout le temps de bien sucer ton sang jusqu'à cinq heures du matin. En plus, lorsque je suis dans la moustiquaire, je ressemble à un cadavre, les moustiques qui tournent autour de moi sont comme des gens qui me pleurent parce que je viens de mourir."


C'est avant tout un roman d'enfance qui relate un âge d'initiation, d'apprentissage. Pour le lecteur, c'est aussi une fresque qui dépeint en arrière plan un contexte précis : celui du Congo-Brazza des années 70, du contexte politique marxiste-léniniste, des actualités mondiales d'alors (il est question de l'exil du Shah d'Iran, de la mort de Mesrine, d'Idi Amin Dada, de Bokassa...) des préoccupations des gens, du quotidien en ce temps-là, pas forcément très éloigné de celui d'aujourd'hui. Un récit maîtrisé, fluide, une histoire tendre d'enfant bavard mais pas un roman inoubliable.
L'avis de Gangoueus - Chez Gangoueus
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