Essential Killing

Par Metstacapuche @metstacapuche

Critique film : Essential Killing, réalisé par Jerzy Skolimowski, avec Vincent Gallo, Emmanuelle Seigner… sortie cinéma 04/2011

Essential Killing est une expérience, presque une épreuve. Une véritable lutte pour sa survie, vécue à la 3ème personne. Dès les premiers instants, le conditionnement est installé, notamment par un jonglage visuel et sonore qui vise à faire entendre, voir et respirer au mieux l’environnement du personnage. Le sable étouffant, la cagoule aveuglante, ou encore par la suite, le froid transperçant et les hallucinations, sont vécus de si près qu’ils forcent une empathie d’une justesse troublante.

Majestueusement humble et juste, Vincent Gallo interprète un guerrier silencieux (impossible pour moi de ne pas faire un parallèle avec le film de Nicolas Winding Refn tant, à un niveau plus élevé certes, mais plus détaché, le thème du mutisme, la retranscription sonore et la dimension contemplative de la nature autour se ressemblent), définit par intuition terroriste, fait prisonnier par l’armée américaine en Afghanistan, qui réussit à lui échapper en terre inconnue et enneigée au prix de la vie, et de la dignité parfois, des rares âmes qu’il croisera, d’un instinct de survie exceptionnel et d’efforts surhumains. Fuyant ses traqueurs pour aller où, vers quoi, vers qui ? Même la rédemption semble une réponse erronée. Chaque seconde se vit à l’instant présent avec une appréhension de l’inconnu vive et permanente.

A mesure que les symboliques s’installent, je me noie dans la magnificence glacée de cette forêt nordique dépaysante. Je reconnais l’intention profonde du réalisateur, je ressens son ambition, mais je n’arrive pas à la percer clairement à jour. Pas cette fois, pas du premier coup. Il me faudra revivre cette expérience, très simple finalement, mais tout de même très particulière et fascinante, dans quelques temps, à tête reposée, pour l’intégrer pleinement.

7,5/10