1191
Et le petit caporal posait devant les dépouilles
Chars rouillés
Cadavres exquis
.
Il pérorait en des déserts d’humanité
Se proclamait empereur d’un peuple avachi
Sortait l’artillerie lourde des vieilles peurs
Pour enfoncer le clou de l’immobile idéal
.
Ce qui importait n’était pas la grandeur de son pays
Mais celle de ses actions
(entendons bien par là celles cotées en bourse)
.
Il vivait heureux
Avait plein d’enfant qu’il défendait contre les cruautés du monde social
Se pavanait en des couloirs de luxe
Avouait ne rien comprendre à la haine que lui vouait son peuple
.
Plus l’agitation le gagnait
Plus il donnait des gages aux instincts les plus vils
Plus sonnait le glas de son ascension spectaculaire
Et s’ouvrait sous ses pieds le gouffre de la déchéance
.
Sa présence même sentait le souffre
Il avait fait le lit de la peste brune
N’osait pas encore se risquer à l’accueillir
Mais n’en pensait pas moins
.
Le pouvoir est le pouvoir
Surtout lorsqu’il permet la richesse
*
On me dira que c’est ainsi depuis que le monde est monde
Qu’il n’y a rien qui vienne qui puisse présager autre chose
On m’enfoncera dans la tête les pointes vénéneuses de la fatalité
.
Il est vrai qu’en des lieux prétendus définitivement irradiés
Une fois l’homme parti
La nature reprend ses droits
Faune et flore pullulent et trouvent
Ensemble
Le moyen de s’adapter
Même au plus insupportable
*
La vie est plus forte que l’humain
Elle lui survivra
.
Manosque, 21 mars 2011
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