Chez les démocrates, 2 064 délégués sont à désigner mardi 5 février dans 22 Etats. Pour l'instant, Clinton est en tête avec 232 délégués devançant Obama (158 délégués). L'électorat de John Edwards désormais disponible devrait rallier majoritairement Obama offrant à celui-ci une palette très complémentaire de couches électorales.
En effet, Edwards captait efficacement la middle class blanche. Les échanges avec Clinton ont été âpres. Les coups bas contre Edwards ont été attribués au clan Clinton.
Par conséquent, même en l'absence de recommandation officielle, Obama devrait profiter du retrait Edwards. Cette situation pourrait faire la différence au moment où dans les enquêtes fédérales Obama et Clinton sont au coude à coude.
Le retrait d'Edwards s'explique par trois facteurs :
- il a été la première victime de la médiatisation du duel Clinton / Obama. Les médias ont focalisé sur ce duel et marginalisé de fait les autres concurrents.
- Faute de succès dans une primaire emblématique, il a connu une décroissance accélérée des dons.
- Son programme et sa campagne ont manqué d'une tonalité clivante l'installant au coeur de polémiques organisant le débat autour de lui.
Son retrait devrait probablement favoriser Obama car le clan Clinton a toujours été clairement donné comme l'instigateur des coups bas dirigés contre Edwards à l'exemple de la rumeur sur sa vie privée.
Dans le camp républicain, McCain prend un avantage significatif.
Il capitalise les soutiens des Gouverneurs et profite alors pleinement de leurs réseaux locaux très efficaces.
Si bien que la désignation de McCain paraît désormais probable. Il faudrait un retournement de tendance pour que Romney puisse rester en course avec des chances réelles de succès.
Dans le camp démocrate, Obama bénéficie d'une incontestable dynamique. Le "ticket Clinton" laisse peser trop d'inconnues autour de lui et apparaît excessivement comme une mécanique de conquête de pouvoir.
L'actuel mouvement lancé par des jeunes démocrates sur le thème : "depuis que nous avons l'âge de nous intéresser à la politique, il n'est question que des Bush et des Clinton ..." a un indiscutable écho.
Ces derniers jours, Obama a ajouté des soutiens qui comptent de façon considérable dans le camp démocrate : soutien de Caroline Kennedy, soutien de Ted Kennedy, soutien de Jimmy Carter.
Il est désormais paré de toute la légitimité historique du parti démocrate.
Bien plus fondamentalement, culturellement, la vague de l'espoir prend le pas sur celle de l'expérience.
Si cette situation se confirme, c'est le tournant qui devrait être le creuset de la victoire d'Obama au sein du parti démocrate.
Cette victoire annoncerait alors un duel final avec McCain sur des profils particulièrement tranchés ; ce qui annonce une campagne très mobilisatrice et donc un choix à la légitimité incontestable d'une Amérique ayant à se prononcer d'abord sur elle-même à travers deux profils très différents de candidats.