Le président de la République, qui a toujours entretenu un rapport compliqué avec internet, trop libre, trop culturel, trop
neuf, installe aujourd’hui le Conseil national du numérique. Sans méconnaitre la qualité des personnes ainsi rassemblées, il est permis de s’interroger sur la formule !
- Internet a réussi en France et ailleurs grâce à des communautés multiples, entrepreneurs, innovateurs, artistes,
militants associatifs et enseignants, avec les internautes eux-mêmes. Le conseil élyséen a été restreint au seul champ des entreprises numériques. Dans la société créative que nous voulons, il
faut des cultures hybrides, des passerelles, des écosystèmes ouverts. Nous en sommes bien loin.
- Les modalités monarchiques de désignation de ce conseil laissent entrevoir le pire. Nicolas Sarkozy est coutumier du fait
: une panne, et vite, un comité. Il le fit pour la culture, nous y voilà pour internet. Coupé de ce « nouveau monde » qu’il combat à coup de lois répressives, le Président de la République
tente maladroitement une reconquête électorale bien tardive.
Le discours du président est à 180 degrés des choix faits au cours du quinquennat : filtrage, surveillance, soutien
insuffisant auxentreprises émergentes, entorses croissantes à la neutralité du net, retard dans le déploiement du très haut débit, insuffisance de coordination européenne. L’autocritique bien
tardive et peu sincère sur Hadopi révèle elle-même l’impuissance du pouvoir actuel qui s’est confirmée dans ce domaine. Les années perdues se rattrapent mal. Parce que plus encore que dans
d’autres secteurs, les nouveaux usages, les innovations ont besoin de compréhension et d’ouverture pour les réguler.