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J'aime les avocats (surtout avec des crevettes) - Part 3

Publié le 28 avril 2011 par Uneblondedanslaville

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Rappelez-vous, dans l’épisode précédent, on m'a forcée la main pour prendre rendez-vous avec un avocat pour le faire travailler pour nous. J’avais fini par céder et accepté de rencontrer le brave homme.

C’est le jour J, je me rends donc dans les locaux du cabinet où travaille le monsieur. La semaine d’avant, j’avais annulé un précédent rendez-vous avec lui à cause des grèves. Pour me punir, l’avocat-caca me fait poireauter vingt bonnes minutes.

Ce n’est pas grave, l’attente me donne l’occasion d’écouter la conversation de clients avec un satellite du cabinet. (on notera au passage que dans ce cabinet le respect de la confidentialité des échanges entre avocats et clients est vachement respectée)

Et que ça te cause des grandes banques dans lesquelles ils ont travaillé, de dégrèvements fiscaux, des avantages patronaux bien mérités quand même quand on sait que ça représente 25% de ton salaire (moi je veux me contenter de 25% de ton salaire, tu vois, je pense que ça m’aiderait certainement à relancer l’économie du Bon Marché), des arrangements à l’amiable pour garder une partie de son salaire à ne rien faire en attendant la retraite, etc

Je me suis retenue à grand peine de sourire, après tout, ça ne se fait pas d’écouter les conversations d’autrui même si ce n’était pas la discrétion qui les étouffait.

Le ton était donné.

Maître Groscon de La Tourette fait son entrée, vient me chercher et m’accompagne jusqu’à son graaaaaaaand bureau.

Sur une chaise près de l’entrée, sa robe d’avocat est négligemment posée en évidence comme pour dire « t’as vu ? je suis AVOCAT et je PLAIDE, petite conne ».

Cela fait à peine une minute que je suis là et il m’explique sans que je lui demande quoi que ce soit qu’il a cinq enfants (super) et que cela prouve bien à quel point il est bon pédagogue (ah bon ? T’as vu ça où ? Mon papa en avait quatre et ça ne le rendait pas forcément bon pédagogue, tu peux me croire, peut-être que ça change au bout du cinquième, note bien)

Il enchaîne directement en plaçant qu’il a été collaborateur de l’ancien bâtonnier de Paris, qu’il a fondé ce cabinet avec trois autres avocats et – il touche du bois – ils s’entendent tous bien – et qu’ils sont du genre construction durable et pas croissance exponentielle. Woaaaaw, c’est trop beau, attends je sors mon mouchoir.

Et il ajoute « contrairement à d’autres cabinets qui sont court-termistes » (genre, si tu vois c'que j'veux dire)

Tu nous ferais pas un petit complexe d’infériorité face à un Lovells, Bird&Bird ou Simmons (pour citer au hasard) ? Il serait peut-être temps de songer à consulter un psy, mon grand.

Comme je reste parfaitement impassible, il enchaîne en glissant l’air de rien qu’il est l’avocat de chaînes de télé, de boites de presse et autres maisons d’édition (je cite pas de nom, c'est pas mon genre de balancer, mais vous le savez depuis longtemps)

J’hésite entre l’ennui et l’envie de rigoler.

Alors je jette un regard distrait autours de moi et constate qu’il maîtrise parfaitement l’art de laisser en évidence, comme si ce n’était rien, une photo de Claire Chazal sur son bureau côté visiteur mais sans ostentation, attention, on n’est pas chez les ploucs.

J’ai eu du mal à rester sérieuse pour de bon, cette fois.

L’entretien se passe, on discute thématiques, je fais semblant de m’intéresser, dis qu’en ce moment, les développements c’est compliqué à négocier mais qu’il m’envoie une liste de thèmes et je le recontacterai. (z'avez vu un peu la technique pour botter en touche l'air de rien ?)

Malgré ma sourde envie de pratiquer l’ironie innocente je me retiens pendant tout l'entretien (on notera au passage mon self control très impressionnant).

Alors qu’il me raccompagne, voulant se montrer aimable, il me demande d’un air mielleux si je suis juriste.

Je ne retiens plus un sourire très amusé. On sait tous que pour les avocats, le juriste, c’est un peu un sous-homme. Lui, il semble ignorer que je le sais ou alors c'est juste pour affirmer sa supériorité. Alors je décide d’en rajouter une couche :

« Non, pas du tout. Je suis une vilaine marketeuse » dis-je avec un air innocent très convaincu.

Là, je le sens déstabilisé, comme s’il se demandait à juste titre si je ne suis en train de me foutre de sa gueule.

Alors il tente le tout pour le tout : nous sommes dans le hall du cabinet, il va me serrer la main pour prendre congé et se reprend : « je vous appelle un taxi ? »

Je me retiens de répliquer « ça dépend : c’est toi qui payes, bouffon ? »

A la place, je laisse plutôt échapper un : « non, c’est gentil. J’aime prendre le métro, j’ai l’impression de rester en contact avec le peuple »

Vous le croirez ou pas mais je n'ai plus jamais eu de nouvelle...


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