Magazine Société

Le PS, parti fondamentalement atlantiste (Delors dixit)

Publié le 26 avril 2011 par Edgar @edgarpoe

 

Quelques lignes extraites d'un entretien entre Delors et l'ambassadeur américain  (il s'agit d'un câble publié par wikileaks, repris sur un site grec, c'est en décembre 2006, avant que le résultat des primaires PS ne soit connu).

Delors assure l'ambassadeur américain que quel que soit le candidat PS, il sera "fondamentalement atlantiste", le parti étant foncièrement pro-européen et pro-américain, malgré l'opposition de certains de ses leaders au référendum de 2005. Personne ne sera étonné de voir parfaitement établie, from the horse's mouth, l'équation union européenne = intérêts américains.

La démocratie compte peu pour Delors, qui se choque du fait que, la France ayant rejeté le projet de référendum en 2005, certains français aient estimé que le traité ne devait plus être discuté (qu'on imagine un ALENA bis négocié après un rejet des électeuers des Etats-Unis !). L'assurance de Delors en cette matière choque tellement son interlocuteur que l'auteur du compte rendu ajoute le seul commmentaire de tout son texte : "Delors n'évoque pas le fait que certains pays, comme le Royaume-Uni, ont préféré ne pas donner la parole à leurs citoyens sur le sujet."

Pour Delors, c'est à croire de toute façon que les français ne méritent pas l'Union européenne, ni Delors d'ailleurs. Il les dépeint comme traumatisés par leur perte de puissance et cependant arrogants, "désastreux schizophrènes". Il se lamente des tentatives françaises de jouer un rôle sur la scène mondiale et estime que le mieux serait, pour la France, de se coordonner avec les autres, y compris les Etats-Unis. La France rêvée par Delors est, comme l'Union européenne, au service des projets américains.

La litanie de ces responsables politiques qui sont allés critiquer le rôle de Chirac contre l'invasion de l'Irak et faire assaut de soumission à un ambassadeur qui, à l'époque, représentait Georges Bush, est débectante (y compris Hollande et Moscovici, lire ce beau télégramme, dont on extrait "Moscovici said that a PS administration would be much more pro-Europe than President Chirac and Prime Minister de Villepin" - oui, je fais comme Delors, j'identifie cet enthousiasme européen à une soumission aux Etats-Unis).

DSK aussi y est allé de sa petite visite, en mai 2006, regrettant que la France (à propos de Clearstream) ne soit pas au même niveau de maturité démocratique que les Etats-Unis (He lamented that France was not a more mature democracy like the U.S.) DSK avait probablement oublié l'affaire Monica Lewinski, grand moment de maturité, et Guantanamo. DSK, qui trouve Royal fort utile en 2011 (pour bloquer Hollande) estimait devant Stapleton en 2007 que l'avance de Ségolène dans les sondages relevait de "l'hallucination collective". A la décharge de DSK, il n'a pas évoqué l'irak ni les affaires européennes.

Pour le moment, seul Hervé Morin (cf. paragraphe 6 de ce compte rendu de 2010, ne s'est pas transformé en carpette - il plaidait l'inanité du projet de bouclier antimissile). On note d'ailleurs cette précision hallucinante sur le télégramme "après l'entretien, des responsables du Ministère des affaires étrangères et du Ministère de la défense ont désavoué Morin, dont les propos doivent être considérés comme nuls". De quoi rendre modeste n'importe quel ministre...

Aucun de ceux qui sont allés s'abaisser devant Stapleton ne peut être qualifié d'homme d'Etat. Hollande, Moscovici, Delors, se sont applatis. DSK s'est incliné. Morin est resté plutôt raide.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edgar 4429 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine