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Ce mercredi après-midi, en passant dans l'avenue Monterey, je suis tombé sur un groupe de manifestants qui se trouvaient sur le trottoir de l'autre côté de la rue, en face du ministère des Affaires étrangères et de l'Immigration. Ils n'étaient pas très nombreux, peut-être une douzaine d'hommes, mais ils faisaient pas mal de boucan, en scandant des messages percutants genre "Luxembourg raciste". Je me suis approché et j'ai échangé quelques mots avec eux.
Il s'agissait de demandeurs d'asile en provenance de pays tels que l'Irak, le Liban, la Palestine ou la Tunisie. A l'initiative de l'un d'entre eux, ils avaient décidé d'effectuer cette manifestation spontanée dans la capitale, sans demander l'appui d'aucune association. Ils voulaient simplement exprimer leur désespoir et leur colère face à des situations d'attente qu'ils estiment insupportables et injustes de la part de l'administration. Certains attendent depuis un ou deux ans que leur dossier soient traité et qu'une réponse définitive leur soit donnée. En attendant, ils subissent, ensemble avec leurs familles, une "mort lente" dans les centres de réfugiés (Weilerbach, Marienthal, campings), n'ayant pas le droit de travailler ou de suivre une formation. Ils dénoncent également les conditions de leur vie au quotidien dans ces centres - "Nous sommes traités comme des chiens".
D'autre part, ils souffrent des marques de rejet de la part de la population ainsi que du traitement froid et clinique que leur témoigne une partie du personnel des administrations.
J'ai écouté leur désarroi. Ils me rappelaient qu'ils sont des êtres humains avec une dignité et des rêves. "Nous ne sommes pas des criminels et beaucoup d'entre nous possèdent des qualifications professionnelles poussées".
Ils ont dit qu'ils sont déterminés à mener d'autres actions de protestation à l'avenir, si les instances compétentes ne leur donnent pas des réponses claires.
"We just want an answer in our file. If you don't want us in your country, just say "no" to us"
En les quittant, j'étais ému. Je me suis posé des questions. Ne gagnerions-nous pas à être plus ouverts et hospitaliers envers des personnes qui ne cherchent qu'à vivre dignement, en bénéficiant d'une petite "place au soleil" ? Ne pourrions-nous pas tout du moins leur tendre une oreille compatissante et essayer de comprendre leur situation?