Alexandre
interroge la cantonade sur la proposition
de Christophe Girard, Adjoint au Maire de Paris, de porter l’âge du droit de
vote à 16 ans !
Pour Christophe Girard, une telle possibilité aurait l’avantage de
« remettre la jeunesse au cœur des préoccupations de notre
société » et constituerait un « signal fort et constructif à la
jeunesse car elle serait sans aucun doute perçue comme une marque de confiance
et de reconnaissance, profonde et légitime. » !
Alexandre, pourtant directement concerné (il semblerait qu’il n’ait pas 18
ans), n’est pas favorable à cette mesure invoquant le manque de maturité
politique voire de maturité tout court de la plupart des jeunes à cet âge. Même
s’il propose une sorte de pis aller consistant à donner ce droit au vote
uniquement à ceux qui en feraient explicitement la demande et qui saurait
répondre à quelques questions prouvant qu’il connait les bases de la vie
politique française.
Pour ma part, le moins que l’on puisse dire c’est qu’une telle proposition
ne soulève pas un enthousiasme débordant.
Les 2 principaux arguments avancés pour justifier l’abaissement à 16 ans de
l’âge d’accès au vote me semblent en effet tout à fait discutables.
Donner le droit de vote dès 16 ans afin de permettre un
« rééquilibrage des préoccupations politiques » en faveur
des jeunes ne se justifie pas plus que de donner des droits de vote aux vaches
sous prétexte que la population rurale diminue et qu’il faut rééquilibrer la
tendance des politiques à favoriser les urbains car ils sont plus
nombreux.
Plus sérieusement, on ne va pas abaisser progressivement l’âge du droit de
vote au fur et à mesure que la population vieillit !
Et puis je m’élève contre cette présentation des choses, qui suppose, que si
les jeunes ne font pas, à travers leurs votes, pression sur les politiques,
personne ne se préoccupera de leur sort !
Ce n’est pas parce que les bébés ne votent pas que les pouvoirs publics ne
construisent pas de crèches et n’établissent pas des normes
protectrices.
De même que leurs parents en ont la responsabilité jusqu’à leur majorité,
ils doivent tenir compte de leurs intérêts, d’autant plus que les intérêts des
jeunes coïncident en grande partie avec ceux de la collectivité, ceux-ci en
représentant l’avenir !
L’autre argument consistant à dire que ce serait envoyer un « signal
fort à la jeunesse » me fait penser à l’attitude de ces parents qui, pour
se faire respecter et « aimer » de leurs enfants, leur envoient des
« signaux forts » sous la forme de cadeaux en tout genres !...
« tenez, vous voyez qu’on vous respecte, on vous laisse voter dès 16
ans ! ».
Donner un signal fort à la jeunesse n’est certainement pas jouer au démago
en leur laissant croire qu’à 16 ans, ils ont les clés nécessaires et
suffisantes pour s’exprimer face aux principaux enjeux de notre société. Vous,
me direz que vous en connaissez un paquet qui ont le droit de voter mais qui ne
possèdent pas non plus ces clés, c’est vrai hélas mais raison de plus pour ne
pas en rajouter !
Et puis comment autoriser quelqu’un à voter s’il n’a pas à assumer
directement les conséquences de son vote, puisqu’il n’a aucune responsabilité à
assumer !
Le droit de vote doit faire partie des droits et devoirs que l’on acquiert à
sa majorité qui, jusqu’à nouvel ordre est à 18 ans !
Le distribuer à des gamins de 16 ans en leur laissant croire qu’ils seront
capable de l’assumer pleinement : « puisque nous n’êtes pas content
de ce que nous faisons, allez-y, décidez vous-même après tout vous êtes les
mieux placés pour cela ! » n’est que du mauvais jeunisme qui ne fait que
galvauder l’expression démocratique qu’est le vote.
Il me parait plus efficace, pour qu’ils n’aient pas l’impression d’être des
laissés pour compte, et également plus respectueux à leur égard, de leur
expliquer ce que l’on fait pour eux (parce que l’ont fait beaucoup pour eux
contrairement à ce que laisse entendre Christophe Girard) et pourquoi on le
fait !
En conclusion, et pour répondre à la question d’Alexandre, l’idée ne me
semble pas franchement pertinente. C’est de notre responsabilité d’améliorer
leur situation là ou elle doit l’être et de leur offrir des perspectives
d’avenir meilleures, ne leur balançons pas sur les épaules !