The white tiger

Par A_girl_from_earth

 

THE WHITE TIGER

( LE TIGRE BLANC )

Excellent excellent excellent!

Je m'étais dit, en refermant le livre sur cette pensée, non, je ne peux pas dire ça quand même, c'est exagéré, tempère!... mais si, c'est excellent (ex-ce-llent! ), on est presque dans la perfection, autant dans l'histoire en elle-même, que dans la façon dont elle est construite, que dans les personnages, que dans le style narratif, que dans l'atmosphère du récit...

Bon ok, cette lecture a été un tel moment de plaisir pour moi que j'ai du mal à prendre du recul, mais j'ai beau retourner cette histoire dans tous les sens en en cherchant les défauts, un seul mot me vient => excellent!

En s'adressant par écrit au Premier ministre chinois pour le préparer à sa visite en Inde et lui expliquer, en passant, les clés de la réussite de l'entrepreneur, le narrateur, à travers le récit de sa vie, dresse un portrait vif et sans concession de l'Inde d'aujourd'hui. Les relations entre les membres des différentes couches sociales y sont dépeintes avec sagacité, avec en premier plan, les pauvres, condamnés à une misère sans fin et à un asservissement aux riches et puissants dont ils n'obtiennent que mépris et irrespect. L'éducation quasi inexistante, le poids de la famille, la corruption, contribuent à cette situation. Les pauvres s'y résignent sans trop broncher, cautionnant même ce système aberrant.

Ce type de tableau ouvrant les yeux sur la réalité sociale et les conditions de vie dans ce pays n'est peut-être pas une nouveauté en soi, mais la plume de l'auteur les éclaire encore sous un angle inédit, avec un humour cynique proche de l'irrévérence et une intelligence aiguisée par l'esprit de facétie.

Je ne développerai pas plus sur la vie du narrateur car je me suis plongée dans ce roman avec une confiance aveugle après l'avoir repéré dans la liste de ces "romans qui en disent long sur la marche du monde" (formule que j'aime beaucoup et tirée du Financial Times - article repéré chez Zarline). Je ne savais même pas de quoi traitait ce livre, et j'ai donc découvert son histoire au fur et à mesure qu'elle se déroulait. Et j'ai adoré! J'ai adoré suivre son développement petit à petit, aussi ce serait criminel de ma part de priver un futur lecteur de ce plaisir!

Tout au plus ajouterais-je que j'ai vraiment aimé ce narrateur à travers lequel l'auteur fait preuve d'un réel génie narratif. Il raconte, avec une naïveté et une innocence feintes, une histoire qu'on pourrait trouver simplement amusante et divertissante, mais à travers son récit qui résonne comme une lutte pour la survie et un enseignement de la vie, perce quelque chose de profond, qui secoue, révolte, et fait rêver.

Un passage qui m'a amusée sur l'effet que peuvent avoir les livres: 

"So I stood around that big square of books. Standing around books, even books in a foreign language, you feel a kind of electricity buzzing up toward you, Your Excellency. It just happens, the way you get erect around girls wearing tight jeans.

Except here what happens is that your brain starts to hum."

Chapeau pour un premier roman! Un auteur à suivre, assurément!

L'auteur

Né à Madras en 1974, Aravind Adiga vit à Bombay. Il a obtenu le Man Booker Prize 2008 pour son premier roman, Le Tigre blanc. Son nouveau roman, Les Ombres de Kittur, a paru en 2010 chez Buchet-Chastel.