Cœur de pétale
Mon cœur est cette chambre vide
Où tu ne vis que dans mes nuits.
Mon cœur est un long fleuve avide
Où dans son lit ta nuit me nuit.
Autour de quatre murs humides,
Où tu ne dors pas mon amour,
Mon cœur est une terre aride,
Où ne croît que la fleur d'un jour.
Au printemps d'or et de pétale
S'ouvrant dans un râle d'août,
J'ai la poésie végétale,
J'écoute ta vie qui s'égoutte.
Je hume la feuille d'automne.
Elle s'empreint de tes cheveux,
En fredonnant l'air d'anémone,
Dans un vent au goût de tes yeux.
Je t'en prie oh terre aveline,
souviens-toi donc de mon enfant.
Au plus profond de ta racine,
Couve son corps d'un linceul blanc.
Dans un bruit rose opaque
La lune reflète l'épine
En un vert tige sur la flaque,
Source de peine aubépine.
Une à une tombe la fibre,
écorce de fleur qui se meurt,
laissant à nu mon cœur qui vibre,
bouquet d'hiver au champ d'honneur.
J'ai un désir à fleur de pot:
Que la vie me fasse une fleur,
Que la fleur naisse de ma peau,
Que ton frère ou ta sœur m'effleure.
Cœur de pétales ( Frédéric Guillem, @ 19 février 2011 )