Malgré un fort potentiel, la série des Fast and Furious a toujours été une franchise d’action d’assez bas étage, la faute au milieu très beauf et ringard du tuning dans lequel elle évolue. Au gré des différents épisodes, on naviguait entre le correct (le premier film, sympathique décalque de Point Break, comportait tout de même quelques bonnes scènes d’action) et le très mauvais (Fast and Furious 2, ultra beauf et même pas excitant dans ses scènes de courses filmées dans le cockpit). La franchise avait tout de même connu un regain d’intérêt avec le quatrième épisode, surtout grâce au retour devant la caméra de Vin Diesel, porté disparu depuis le deuxième film (le cameo dans Tokyo Drift ne compte pas). Bien qu’étant assez mou, ce quatrième film réussissait à relancer un chouïa la franchise tout en proposant quelques bonnes scènes (dont une intro assez démentielle). Restait au réalisateur Justin Lin (dont c’est le troisième épisode de suite !) à transformer l’essai. C’est désormais chose faite avec ce cinquième opus, qui non content d’être de loin le meilleur film de la franchise, est aussi un blockbuster tout ce qu’il y a de plus excitant.
La réussite de ce nouveau Fast and Furious tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, un casting en or, au sommet duquel trône un Vin Diesel toujours aussi charismatique (vivement le prochain Riddick !) et imposant. Fast and Furious 5 fera non seulement plaisir aux fans en ramenant de nombreux protagonistes des différents épisodes (dont un Tyrese Gibson hilarant), mais ravira aussi les amateurs d’action avec la présence jouissive de Dwayne Johnson au casting. Un Dwayne Johnson comme toujours impressionnant physiquement, mais qui de plus oppose un charisme égal à celui de Vin Diesel, lui offrant enfin un adversaire à sa mesure. Le morceau de bravoure que constitue leur mano à mano tant attendu entre les deux stars de l’action est un pur moment de bourrinage jouissif et régressif. Car Justin Lin l’a compris, ce qui manque surtout aux précédents films c’est du rythme et de l’action décomplexée. Et ici, le réalisateur s’en donne à cœur joie, enchaînant avec une aisance rare et un rythme effréné les scènes d’action variées et bien fichues. On passe ainsi en intro en moins de 10 minutes d’une attaque de bus de transport de prisonniers à un « train-jacking » de haute volée, le tout emballé avec classe et fluidité par un réalisateur sachant manier une caméra. Alors certes, le film manque un peu d’originalité, reprenant grosso modo l’intrigue de Braquage à l’Italienne et d’Ocean’s Eleven (remplacez le casse des casinos par un coffre-fort dans un commissariat) allant parfois jusqu’à repomper des idées à droite à gauche (la poursuite à pied très « bournesque » dans la favela), mais l’essentiel, c’est qu’on ne s’ennuie pas une seconde, et qu’on s’amuse du début à la fin. Le réalisateur se permet même d’emballer une poursuite finale d’une durée impressionnante (bien 15-20 minutes au compteur) et d’une rare originalité (on parle ici d’un énorme coffre-fort tracté par deux voitures dans les rues de Rio, poursuivi par toute la police de la ville !).
Enfin, dernier bon point et non des moindres, Justin Lin ose abandonner quasi totalement la partie tuning (marque de fabrique beauf de la série), se permettant même un doigt d’honneur sous forme de clin d’œil aux fans de cet aspect. Pas sûr que ceux-ci apprécient, mais pour les autres, c’est un vrai soulagement de voir enfin de vraies voitures à l’écran, et pas des jouets fluo ridicules entourés de pépés aux jupes ras la touffe.
Avec Fast and Furious 5, Justin Lin réussit l’inespéré, faire d’un Fast and Furious un blockbuster excitant, un bon film popcorn du samedi soir, fun et tenant toutes ses promesses, à tel point qu’on en redemande. Un exploit qui mérite d’être applaudi.
Note : 8/10
USA, 2011
Réalisation :Justin Lin
Scénario : Chris Morgan
Avec : Vin Diesel, Paul Walker, Jordana Brewster, Dwayne Johnson, Tyrese Gibson, Ludacris, Matt Schulze, Sung Kang, Joaquim de Almeida