Hier, une copine m’a appelée pour me dire : « Valérie, faut absolument que tu fasses un billet d’humeur sur la femme assassinée par son mari à Nantes. Tu te rends compte, elle est allée déballer sa vie sur des forums, et tout ce qu’elle a écrit se retrouve au journal de 20H00, c’est horrible ! ». C’est vrai que c’est assez terrible. Le métier de journaliste a bien changé. Avant, il fallait qu’ils aillent sur les lieux du crime pour enquêter, maintenant ils se contentent de taper le nom de la victime sur Google et sur Facebook pour dénicher les infos les plus croustillantes. En même temps, si les journalistes avaient une éthique, ça se saurait. Je les ai encore vus la semaine dernière sur France 2 aller interviewer le pauvre type qui s’est fait renverser à Chelles. Hagard, dans son lit d’hôpital, il avait même pas réalisé que sa femme et sa fille de 3 ans étaient mortes. J’ai éteint. Pas par dégoût, il y a bien longtemps que les frontières ont été abolies, non, par lassitude. Mais revenons à cette pauvre femme qui se retrouve avec sa vie étalée au grand jour. Le problème c’est qu’elle a confondu forum et confessionnal. Or un forum, et plus globalement Internet, c’est tout sauf un confessionnal. Je pense que cette dame allait trop à l’église et a confondu le modérateur avec le curé, la souris avec l’hostie. Et c’est vrai que c’est terrible de se dire que la moindre empreinte laissée sur Internet peut revenir comme un grand coup de tatane dans la figure. J’en ai fait l’expérience. Un truc moins grave, bien sûr. J’ai eu le malheur un jour de commenter sur un forum une photo d’Elsa Zilberstein avec cette phrase qui me fiche encore la honte aujourd’hui rien qu’en y repensant : « Elsa, moins elle tourne, plus elle montre ses nibards ». Ne me demandez pas pourquoi j’ai écrit ça, je ne le sais même pas moi-même. Et c’est ainsi qu’en tapant mon nom sur google, on tombait en premier sur cette phrase élégante. En même temps, y a pas mort d’homme. Mais cette petite erreur de parcours m’avait alertée. Vous me direz, maintenant j’ai dépassé le stade avec toutes les conneries que j’écris sur mon blog, mais comme la masse est plus importante, ça passe inaperçu. C’était cette pauvre petite phrase toute seule qui faisait tâche, comme si ma vie se résumait à ça, le commentaire d’une nana un peu aigrie. Après on tombait sur mon lien Viadéo, puis Linkedin, mais le mal était fait : Ladecool est une vilaine qui n’a rien de mieux à foutre que d’écrire des saloperies sur les stars. Ca m’a servi de leçon, désormais je fais motus. Sauf ici. Mais cette femme, elle, s’est faite piéger. Par un paquet de monde d’ailleurs, par son mari (juste témoin pour l’instant, je précise, faut faire gaffe aux accusations prématurées), par Internet qui l’a trahie, par les journalistes qui l’ont dépecée, et même par son curé qui apparemment ne savait pas l’écouter. Triste fin.