Léa, 11 ans et demi, est l’une de ces créatures mi-femme, mi-enfant qui pullulent dans les cours d’école. Face au miroir, elle scrute ses jambes un peu trop maigres, sa poitrine un peu trop plate et ses hanches de gamine. » A cet âge, ils ont de ces complexes ! » s’attendrit sa mère, mi-excédée, mi-ravie devant les minauderies de sa chérie. Il y a d’abord eu les » poils », le fin duvet qui recouvrait ses jambes, et qu’elle a insisté pour épiler. Ensuite les cheveux : « Elle voulait des mèches blondes. » Et puis le maquillage. « Toutes ses copines le faisaient. Alors… » Alors ? Sa mère a cédé. » Tant que ça ne fait pas vulgaire « , se justifie-t-elle. Léa pose, bouche en cul de poule, devant la cabine d’essayage. Toute trace de sa fraîcheur enfantine a disparu, mangée par les couches de fond de teint et les traits de crayon noir autour des yeux. Où sont passées les petites filles ? Dès 6 ans, elles réclament un deux-pièces pour la plage, minaudent sur les photos de classe et se trémoussent comme la chanteuse colombienne Shakira. A 10 ans, elles rêvent de se faire tatouer et voient leurs premières images coquines en cachette avec les copines.