Pocket, 435 pages
Jean Teulé s'est formidablement documenté pour restituer non seulement le personnage mais surtout la rudesse d'une époque, celle d'un système féodal moribond. Le texte est émaillé de poèmes et d'anecdotes qui sont rattachés à la personne singulière de Villon et l'on saisit pourquoi ce poète maudit de l'extrême utilise la poésie comme une arme pour mieux se faire entendre dans un contexte moyenâgeux si violent.
Malgré certaines scènes très glauques, l'histoire se lit avec une facilité déconcertante, il n'y a pas de temps mort, les chapitres sont courts, le rythme est vif, la plume envoûtante. Le lecteur assiste à la déchéance volontaire de Villon.
On pourra toujours s'interroger sur le réel degré de vérité historique et biographique et y voir une vision partisane de sa vie dissolue et presque sans humanité. De nombreuses questions demeurent mais l'auteur choisit de ne pas y répondre, s'attachant à l'aspect mythique du poète.
Entre effroi et dégoût, on reste pourtant fasciné par ce personnage instable et bouillonnant de vie.
Le poète a vécu trente-deux années intenses. En 1463, après une énième incartade, il est banni de Paris. Il n'existe plus aucune trace de lui. Sa disparition énigmatique a contribué à sa légende.
Pour tous ceux qui ont étudié ses poèmes à l'école, c'est un personnage que je vous invite à (re-)découvrir.