L'Assemblée nationale mardi en mi-journée. La fièvre de la session parlementaire du mois de mars dernier, suivie d'une session extraordinaire est finalement retombée. Les parkings d'habitude bondés de véhicules laissent entrevoir des espaces libres. Difficile d'apercevoir des véhicules des élus de la Chambre, à l'exception notable de ceux de quelques membres du bureau de l'institution. Les services de la questure, dans un bâtiment à l'écart, semblent pour leur part connaître un fonctionnement habituel. Des personnels qui jouent le rôle de contrôle financier de l'Assemblée nationale vaquent à leurs occupations.
Ce sont les services de la questure qui sont également chargés de recevoir les rapports des députés sur l'utilisation des fonds des micro-projets octroyés aux élus chaque année. Ce sont également les questeurs qui sont chargés de procéder sur le terrain, aux contrôles sur l'effectivité de l'utilisation des ressources allouées aux élus chaque année, soit 8 millions de F. Mais difficile de rester insensible à un rappel à l'ordre du président de l'Assemblée nationale à ses collègues pour les amener à déposer auprès des questeurs, les rapports de l'utilisation des fonds de l'année 2010. « C'est normal. Et cela fait partie des missions régaliennes du président de l'Assemblée nationale », nous indique l'honorable Pauline Ndoumou, député Rdpc du Dja et Lobo, et questeur à l'Assemblée nationale. Même si elle remarque par ailleurs : « Il est possible que parmi les 180 que nous sommes, que tout le monde ne dépose pas son rapport à temps ».
Des rapports qui, à son avis, permettent aux questeurs d'opérer des descentes sur le terrain. Pour ce faire, chacun des quatre questeurs à un pôle géographique du Cameroun qui relève de sa compétence « nous recevons des rapports des députés et par la suite, nous programmons des descentes sur le terrain pour nous assurer de l'effectivité des réalisations annoncées », nous fait savoir Pauline Ndoumou. Pourtant, un haut cadre de l'institution semble avoir une autre perception de l'approche qui est adoptée : « Dès lors que le député visité n'informe ni les autorités administratives, ni ses administrés de la visite du questeur, cela peut ouvrir la voie à toutes sortes de polémiques sur les réalisations présentées. Il est très facile pour un député qui n'a rien fait sur le terrain de vous produire le meilleur rapport d'utilisation des fonds, alors que celui qui travaille effectivement ne trouve pas le temps de préparer ces rapports », indique, pour sa part, Joseph Mbah Ndam, élu SDF et vice-président de la Chambre, qui relève lui aussi que le communiqué signé récemment par le président de l'Assemblée « est dans l'ordre normal des choses ». Si l'honorable Pauline Ndoumou reconnaît que des retards peuvent être enregistrés dans le dépôt des rapports sur l'utilisation des fonds des micro-projets parlementaires, ceux-ci peuvent être imputés au calendrier du député qui « ne lui laisse pas beaucoup de temps lorsqu'il est dans sa circonscription ».
Il faut rappeler que c'est depuis la législature 1992-1997 que les députés se sont vus allouer ces fonds pour le financement des micro-projets sur le terrain. De 4 millions de F à l'époque, l'enveloppe a été portée à 8 millions de F en 1997.