
Puis arrivent vers 1986 les samples, avec des échantillonneurs, comme la Emu SP12, qui permettait de sampler cinq secondes sur d’énormes disquettes. C’est l’époque deEric B. is President et de My Melody (signés Eric B.& Rakim, ndlr). La façon de rapper, les instrus, c’était carrément le futur, avec des samples de soul, des rythmiques qui frappaient, un flow… Ils utilisaient le silence, comme Miles Davis, alors que le rap n’en utilisait jamais.
Faf Larage : Nous nous sommes rencontrés lors d’un concert à la Maison Hantée à Marseille, en 1987, avant IAM. C’était l’endroit où se retrouvaient tous les amateurs de hip hop. Nous avons vite découvert que nous avions les mêmes goûts musicaux

Akhenaton : C’est aussi grâce à ces rappeurs que l’on a progressé. Lorsque je discutais musique, cela m’a souvent donné des idées de morceaux. Quant à l’écoute, elle donne envie, c’est une sorte d’émulation, comme dans le sport, on veut rivaliser avec les meilleurs.
L’idée de ce disque, c’est de rendre un hommage au hip hop américain ?Akhenaton : Oui, au rap des années 80 à nos jours. Le rap est aujourd’hui plusunderground à New York, mais il est toujours vivace. La preuve, c’est que les plus gros vendeurs de rap font appel à des MC new yorkais. Comme par exemple, Lil Wayne invitant Talib Kweli. Avec cet album, nous avons pris une orientation soul, côté instrumentaux, ce qui est caractéristique du style new yorkais. Il y a pas mal de punchline (phrases percutantes,ndlr) et de vannes, comme sur In Memory of Your… .Faf Larage : Sur le titre M.R.S., on s’inspire de Top Of New York de Capone-N-Noreaga. Je Danse Pas est plus dans le genre Busta Rhyme, avec son côté dansant, tandis que Avec la tête haute se rapproche d’un Jim Jones. Nous surfons sur plusieurs styles new yorkais, mais avec un son 2011.

Akhenaton : Même quand on a vendu 1,5 million d’albums, on reste des galériens qui ont eu de la chance !
Ce qui n’était au début qu’une mixtape est finalement devenu un album… Akhenaton : C’est aussi l’avantage de ne plus travailler pour une maison de disques : nous ne sommes pas obligés de travailler un album en studio sur dix jours. Nous l’avons conçu pendant plusieurs mois. J’ai eu de grosses déceptions sur de précédents projets, les directeurs artistiques ont désormais moins d’influence que les gens du marketing. C’est pourquoi j’ai décidé de créer mon propre label, Me Label. L’album est en vente uniquement sur le site, en téléchargement, en CD ou en vinyle.Financièrement, nous avons essayé d’être raisonnables pour produire cet album, mais nous avons gardé notre part de rêve. Et notre rêve, ce serait par exemple d’organiser un concert à New York !