Je dois éloigner de moi les éclaboussures de haine jetées insidieusement. Jeter un regard acéré comme un diamant sur cette pauvre petite vie, a de quoi en effrayer plus d'un. Je me rends compte de l'abîme dans lequel il vit, profond, noir et gluant. des murs noirs que l'on a construit autour de lui, sans qu'il le sache, sans qu'il s'en rende compte, victime de la médiocrité, de la petitesse et du mensonge. Pas de porte de sortie, à moins qu'il ne la fabrique de ses mains, avec des pensées innocentes, innaccessibles pour lui.Pourtant, au milieu de ce fatras vit un esprit d'or qui ne demande qu'à être libéré. Qu'est-ce qui l'attache si fort au sol boueux, je l'ignore. Pourquoi les gens changent-ils tellement? Ma mère m'a posé cette question hier, et j'avoue ne pas pouvoir y répondre. Je me suis cru responsable de certains changements, en fait, je n'y étais pour rien. Je ne faisais que suivre une ligne tracée à l'avance, tombant dans tous les pièges tendus par la vie. Mais cette naïveté qui m'a fait vivre les pires choses poussé dans des extrêmes idiots, des chemins de non retour, est paradoxalement ce qui me sauve. On ne pourra pas m'enlever la joie de vivre, l'envie de rire et de m'amuser, on ne m'empêchera pas de débusquer la magie là où elle se trouve. Je viens de terminer le "Tokyo" de Mo Hayder. On s'approche du mal pur, de la pire des horreurs, fasciné par le regard du serpent. Encore une fois, pas de hasard.