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Pina bausch, une histoire d'amour

Par Tika

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Quand Wim Wenders prend sa caméra pour rendre hommage à Pina Bausch, c’est une explosion sensuelle, visuelle, et presque olfactive. Un voyage à travers le geste à la vitesse de la lumière.


"DANSEZ DANSEZ, SINON NOUS SOMMES PERDUS"

Nous sortons tous du cinéma, sans voix, le souffle coupé ! Comment ne pas l’être ? Il reste difficile de mettre des mots pour décrire cette expérience cinématographique. Ce n’est ni un film, ni un docu, ni un ballet filmé. C’est un cri du corps venant d’une troupe endeuillée, sous l’œil bienveillant d’un cinéaste en quête de vérité. Pina Bausch n’est plus depuis 2009, et ses élèves demeurent d’inconsolables orphelins. Que dire, lorsqu’on a dansé avec la même personne pendant 22 ans ? Que l’on a passé ses nuits, ses jours à sans cesse répéter les mêmes gestes, à réinventer le mouvement, à créer de la poésie sur des parchemins de peau ?

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EST-CE DE LA DANSE, DU THEATRE ?

Tout le monde connaît Pina Bausch, et depuis les années 70 a vu ses chorégraphies répétitives et enfiévrées synonyme du mouvement « Tanz Theater », le théâtre dansé de Wuppertal en Allemagne. Mais d'’où vient cette magie du film? L’histoire de la scène dans la scène suggérée par la caméra de Wim Wenders, la bande son magistrale, la chorégraphie jouée plus que dansée, et l’humour jusque dans le geste, l’émotion de découvrir le visage de chaque danseur de la troupe donnant sa version de Pina, en voix off, dans l’émotion et la sincérité, je ne sais pas. En tant cas, tout est sincère, pur ; la 3D ajoute une « profondeur » indescriptible aux scènes, et nous emporte loin, très loin de notre terre, pour un voyage vers les étoiles !

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L’on pourrait rebaptiser certaines scènes, « un tramway nommé désir », ou « cabaret », ici il s’agit, scène après scène de donner une interprétation de ses meilleurs ballets, le si sensible « Café Müller » (repris par Almodovar dans « Parle avec elle » en 2001) en est l’illustration. Est-ce la danse, est-ce le théâtre, qui sait ? En tout cas, ces fabuleux danseurs venus du monde entier partager la vie de Pina Bausch, jeunes, ou plus âgés, ont tous un point commun, leur beauté ! Ils nous interprètent par le corps les chorégraphies de l’amour, la liberté, la lutte, le désir, la joie, le désespoir, la réconciliation, la beauté, la force. Notons l’extraordinaire numéro de biceps (à la fin de cette bande annonce) qui nous touche tant, représentant le thème de la force. Ou bien la scène "godzillesque" dans le tram aérien, juste loufoque, juste parfaite. Tous ces moments de danse filmés dans la ville, en zone industrielle, instants de grâce dans un monde de brutes, et c'est peu dire, sont le guide de l'hommage de Wenders. Une confrontation de l'humain avec la matière. Ou encore le son de la pluie sur un rocher, et les nageurs danseurs en chemises noires, la grâce dans dix centimètres d'eau ! Il paraît que Pina passait des heures à connaître ses danseurs, à partager avec eux, à en déchiffrer le « code » personnel pour mieux adapter et créer le mouvement sur-mesure. Nous le comprenons mieux aujourd’hui à la lumière de W. Wenders. Elle aurait adoré le résultat. Elle est partie trop tôt.

Jun Miyake a signé le morceau « Aliverde » de la bande annonce. Cela nous donne l’occasion de découvrir son album « From stolen strangers ». Même si votre univers n’est pas lié à la danse, ce film en fera une découverte, allez-y les yeux fermés, Pina se chargera de vous les ouvrir. Pina Bausch nous enseigne qu’il y a toujours une place pour la danse en nous, que le corps est un instrument, un messager, ce que nous oublions tous, dans cette vie citadine. Sous l’œil de Wim Wenders, elle nous donne « Des ailes du désir ».


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Plus d'infos en français sur Pina Bausch ici.

Crédits photos : Pina Bausch 1940 – 2009 : Wilfried Krüger, Clémentine Deluy in Bamboo Blues Foto: Angelos Giotopoulos, Pina Bausch (au centre) et Dominique Mercy (à sa droite) à la fin d'une représentation de Wiesenland en 2009, Nelken - Les Œillets (1982) de Pina Bausch en 2005. 


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