Le travail avec la respiration commence
quand on sent de l’intérieur l’atmosphère de notre organisme.
C’est l’attitude de base à adopter envers nous-mêmes et envers le monde.
(inspiré de Le tao de la respiration de Dennis Lewis, un livre que j'ai traduit)
Quel est le rapport entre notre respiration et l’expérience que nous faisons de nous-mêmes, entre la respiration et la santé, le bien-être véritables? Quelle est le lien entre la
respiration et notre quête de croissance personnelle et de connaissance de soi? Pour pouvoir répondre à ces questions, il ne suffit pas de participer à un atelier de rebirth ni encore de se
mettre à faire des exercices trouvés dans un livre ou un magazine. Vu le rapport intime existant entre le corps et l’esprit, et les subtiles mais puissantes façons dont ils influent l’un sur
l’autre, il faut avoir une compréhension intellectuelle bien claire du mécanisme de la respiration naturelle et de ses rapports avec nos muscles, nos émotions et nos pensées si nous voulons qu’le
soit efficace et durable. La clarté de cette représentation intellectuelle nous aidera à devenir encore plus conscient de nos propres modes de respirer. C’est en étant attentif à ces façons de
respirer que nous pourrons percevoir et sentir les diverses forces psychologiques à l’œuvre dans notre respiration, du passé aussi bien que du présent. Et ce n’est qu’en observant ces forces dans
notre corps que nous commencerons à voir que nous nous servons de notre respiration comme d’un tampon pour étouffer les expériences et souvenirs physiques et psychologiques difficiles à
affronter. Et, finalement, c’est grâce à tout ce processus - association de la clarté intellectuelle à la conscience sensorielle et émotionnelle - que nous commencerons à sentir l’extraordinaire
pouvoir de la «respiration naturelle» et sa capacité à soutenir le processus de guérison et d’intégralité dans notre vie.
Anatomie de la respiration
Pour la plupart des gens, le cycle comportant une inspiration et une expiration se répète entre 12 et 14 fois par minute quand nous sommes éveillés
et au repos, et entre 6 et 8 fois quand nous dormons. Chez un bébé, il est le double. Le nombre de respirations peut changer du tout au tout selon ce que nous faisons ou expérimentons. Un stress
ou une activité physique extrême peuvent faire monter ce nombre à 100 par minute. Pour ceux qui ont travaillé sérieusement leur respiration, le nombre de respirations au repos peut se situer
entre 4 et 8 par minute, vu qu’il absorbent plus d’oxygène et rejettent plus de gaz carbonique à chaque inspiration et expiration.
Cage thoracique et poumons
La respiration s’effectue principalement dans la cage thoracique, dont le haut et les côtés sont délimités par les côtes (qui descendent en diagonale et vers l’avant) et par les
muscles intercostaux, et dont le bas est délimité par un muscle en forme de dôme, le diaphragme. À l’intérieur de cette cage se trouve le cœur et les deux poumons. Ayant un peu la forme d’une
pyramide, les poumons sont formés de trois lobes à droite et de deux lobes à gauche. Ces lobes sont constitués d’un labyrinthe spongieux de bronches qui, si on les aplatissaient, couvriraient une
surface de 100 m2. Soutenus par le diaphragme, les poumons sont recouverts par la plèvre, une membrane à double couche qui tapisse l’intérieur des côtes. De nature extrêmement élastique, les
poumons peuvent bouger dans toutes les directions sauf aux endroits où ils sont rattachés à la trachée et au cœur par les veines et les artères. Même si les poumons ont une capacité volumique
d’environ 5 litres, la respiration moyenne est seulement de 0,5 litres. Bien que, comme nous le verrons, nous puissions apprendre à expirer beaucoup plus d’air que ce que nous faisons
normalement, et même si nous avons la sensation d’avoir exprimé tout l’air des poumons, ces derniers conservent une réserve d’environ 1 litres d’air qui leur permet de ne pas se dégonfler
totalement. Il est donc facile de constater que la plupart des gens n’utilisent qu’un pourcentage limité de leur capacité pulmonaire.
Nous prêtons rarement attention à notre respiration lorsque nous vaquons à nos activités quotidiennes. Par contre, quand il nous arrive
de le faire, nous sentons la cage thoracique se dilater et se rétracter, un peu comme un soufflet. Pendant l’inspiration, les muscles intercostaux s’étirent et permettent aux côtes de se
soulever, le sternum se déplace légèrement vers le haut et le diaphragme descend en s’aplatissant. L’espace additionnel ainsi ménagé crée un vide partiel qui amène les poumons à se coller contre
les parois de la cage thoracique et contre le diaphragme, augmentant de ce fait leur volume à mesure que l’air est automatiquement aspiré de l’extérieur. L’air que nous inspirons est composé
d’environ 20 % d’oxygène et de 0,03 % de gaz carbonique. Le reste est de l’azote. Pendant l’expiration, les muscles intercostaux se relâchent, le sternum redescend, le diaphragme remonte en se
détendant (récupérant ainsi sa courbe en dôme) et l’air vicié est rejeté par la trachée pendant que les poumons se décollent des parois de la cage thoracique pour reprendre leur dimension
d’origine (Voir Figure 3). L’air expiré comporte 16 % d’oxygène et 4 % de gaz carbonique. Il est saturé de vapeur d’eau produite par l’activité métabolique.
Mouvement de l’air dans le système respiratoire
Quand l’air entre dans notre nez, les poils qui tapissent l’intérieur des narines filtrent les particules de poussière et de saleté. En passant par les cavités nasales, l’air est
réchauffé et humidifié par les muqueuses du septum, qui divise le nez en deux cavités. S’il advient que trop de particules s’accumulent sur les muqueuses, nous sécrétons automatiquement du mucus
qui vient les emprisonner ou nous éternuons pour les expulser. En général, l’air ne se déplace pas de façon égale et simultanée dans les cavités nasales. En effet, quand la narine gauche est plus
ouverte, la narine droite est plus congestionnée, et vice versa. Cela se produit ainsi parce le flot sanguin arrive en alternance d’une narine à une autre dans un délai qui varie d’une heure et
demie à deux heures.
Après être passé par le nez, l’air descend par le pharynx, cette cavité qui se trouve au fond de la bouche, là où le nez et la bouche
sont reliés et où la déglutition et la respiration sont coordonnées par le plexus laryngé (sous le contrôle du tronc cérébral inférieur). C’est là que l’air passe par les tissus lymphoïdes des
végétations et des amygdales, qui se trouvent à l’arrière du nez et de la gorge, et où les bactéries et les virus sont retenus. L’air passe ensuite par le larynx, permettant ainsi aux cordes
vocales de vibrer à son passage pour produire des sons, et poursuit sa route par un tube musculaire appelé trachée, qui se divise en deux bronches allant vers chaque poumon. La trachée et les
bronches sont tapissées de cellules sécrétant du mucus qui emprisonne les polluants et les bactéries. Lorsque l’air passe par les bronches, de minuscules cils repoussent le mucus et tous les
autres débris hors des poumons, les font
remonter le long de la trachée, dans le larynx et finalement dans l’œsophage. Lorsque trop de particules, de produits chimiques ou de mucus s’accumulent dans les bronches, ils déclenchent une
quinte de toux qui, pour expulser ces matériaux toxiques, résulte en une forte contraction musculaire et en une contraction des bronches pouvant générer un déplacement d’air plus puissant que
celui d’une tornade.
Dans les poumons, les bronches se divisent en embranchements de plus en plus petits, appelés bronchioles. Ces dernières, qui ont des
parois musculaires pouvant restreindre le passage de l’air par une contraction, se terminent par environ 400 millions de petits sacs ayant l’air de bulle qui s’appellent alvéoles. C’est dans ces
alvéoles qu’a lieu l’échange porteur de vie entre l’oxygène et le gaz carbonique : de l’oxygène frais entre dans l’appareil circulatoire et est acheminé dans tout le corps par les molécules
d’hémoglobine, et les déchets gazeux, comme le gaz carbonique, sont renvoyés dans le sang pour être éliminés par la respiration.
Bon printemps!