Demain c'est dimanche

de Pierre D'Ovidio

Un polar, encore !… Enfin si on veut. Un polar sans beaucoup d'armes à feu, si l'on excepte l'étui réglementaire de la gendarmerie — qui ne sert pas souvent. Et un héros qui n'a pas trop le goût du risque — simplement il aime bien savoir…une gentille manie qui peut tout de même vous attirer des ennuis.

Jean Mascarpone a un nom de métèque qui fait sourire les types autour de lui, et qui fait parfois fondre les nanas, en tout cas quelques-unes, en tout cas au moins une : la belle Giulia… Encore ça, il faudrait le mettre au passé, parce que, pour vous dire, sa Giulia l'a quitté… Moche, quand même. Ils avaient quitté Paris pour se refaire une santé — ou une vie, si vous voulez —, dans un trou bien perdu, limite Touraine-Poitou : vins de pays intéressants, excellents fromages de chèvre, et beaucoup de verdure partout — climat « océanique », comme disent avec pudeur les guides touristiques.

Jean apprécie le coin, même si les distractions sont rares. Son métier — correspondant local de La République Nouvelle —, pas des plus folichons, il s'y est fait aussi : il aime bien traîner, rêvasser, écouter parler les gens, au bistrot ou ailleurs, au bistrot surtout — les petits vins de pays, on vous dit. Cette fois, son copain l'adjudant Bolbec l'a mis sur une drôle de piste : une femme qui a disparu — on se suicide encore pour un rien dans ces campagnes, surtout si on a le malheur de taquiner un peu la bouteille. Allez savoir…

Jean Mascarpone veut savoir : incorrigible. Il sera servi. On fouille l'étang en quête d'un supposé cadavre, et c'est un autre macchabée qui sort du bouillon : un pharmacien ayant fui quatre ou cinq ans plus tôt — orage politique s'entend —, et voilà qu'il remonte à la surface, et avec lui le souvenir de plusieurs sales magouilles qu'on avait jugé prudent d'oublier. Comme quoi une affaire peut en cacher une autre…

Editions PHEBUS