J'ai un aveu à vous faire (bis)

Publié le 26 avril 2011 par Francisbf

Aujourd'hui, mes ami(e)s, je viens me confesser, parce que ça me pèse sur le coeur. Aujourd'hui, j'ai fait une entorse à mes principes, j'ai foulé aux pieds l'éducation de toute une vie.

J'ai acheté des légumes.

Toute ma vie, je me suis efforcé de suivre ce simple précepte, inculqué depuis longtemps par mes parents, des gens avec une éthique, une hygiène de vie, basée sur un principe simple : mange de la viande.

Pourquoi ? C'est simple. Les plantes sont un miracle de la nature, y toucher est sacrilège.

Prenez les fleurs. Les fleurs sont les produits de millions d'années de co-évolution, chaque génération plus attractive pour les insectes pollinisateurs, plus belle, plus odorante, plus colorée.

Une fois la pollinisation effectuée, la magie de la nature opère encore, transformant sous les yeux de l'observateur patient et attentif la fleur en fruit, cocon délicat pour les graines, la nouvelle génération, qui, une fois en terre, déplieront une à une leurs petites feuilles duveteuses, si fragiles, qui cependant sauront, par ce processus invisible qu'est la photosynthèse, capter l'énergie d'une étoile pour croître et se développer, qui en un arbre majestueux, qui en une fleur chatoyante, qui en un brin d'herbe frémissant dans une prairie de montagne.

Les racines sont tout aussi merveilleuses, qui des mois durant stockent l'énergie et la matière produite par les feuilles et la restitueront à la venue des beaux jours, permettant ainsi la résurrection printanière du couvert végétal de la planète Verte.

Comment peut-on songer à détruire ces ouvrages d'art délicat et raffinés, ces fragiles filles du soleil que sont les plantes ? (1)

Prenez en revanche un animal : il peut être mignon de prime abord, et encore, c'est pas gagné. Mettons que ce soit un petit animal mignon (et là, je tiens à dire que c'est l'évolution qui nous fait considérer un animal comme mignon, lisez Stephen Jay Gould. Rien à voir avec la stupeur respectueuse, le battement de coeur ineffable que provoque la vue d'une orchidée, une sensation pure, pas dûe à une vulgaire poussée hormonale). Enlevez lui la peau, il devient hideux. Ses entrailles sont puantes, obscènes, sa physiologie est basée sur la destruction, le massacre, de plantes innocentes ou d'autres animaux, dont il déchire la chair à grands coups de dents.

Les animaux sont répugnants. Les animaux sont la honte de la Nature.

C'est pourquoi je ne peux avoir aucun complexe à bouffer des animaux. Je ne ressens pas ce sentiment de perte, de destruction insensée, que peut provoquer la vue d'une ratatouille. Certes, c'est beau, une ratatouille. Mais bon sang, quel gâchis.

Chez moi, la ratatouille, ça n'a jamais été courgettes, tomates et aubergines, mais lapin, poulet et agneau. Une ratatouille, c'était des plants de maïs, des carottes, des prairies sauvées de la destruction par le broutage aveugle de ces animaux. C'était un acte militant.

Aujourd'hui, j'ai acheté des tomates, et des oignons, et des mandarines, et des mangues.

Pourquoi ? Parce que c'était pas cher, et que je dois bien manger malgré le loyer, internet, l'eau, l'électricité, et l'arrivée prochaine de mes parents.

J'ai honte de moi.

D'autant que mon éducation étant ancrée profondément en moi, il y a des chances que je laisse pourrir mes victimes au fond du frigo. Je ne sais pas si c'est du gâchis, ou le signe que je ne suis pas encore irrattrapable.

Aujourd'hui, je vous l'avoue, je me sens un peu perdu.

(1) Alors au passage, je connais des gens qui sont carnivores pour la raison exactement opposée, qui prétendent que les plantes sont dégoûtantes, parce que ce sont juste du pétrole en maturation, et qu'ils se voient mal bouffant du pétrole. Ils me font un peu pitié avec leur argumentation à deux balles.

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