Écrit par Cameroon Tribune
Mardi, 26 Avril 2011 15:51
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Ce n'est pas encore la veillée d'armes dans les états-majors des médias, du moins pour ceux dits à capitaux privés pour la couverture de la prochaine élection présidentielle. Mais tous les acteurs s'accordent à reconnaître qu'il s'agit d'un moment particulier, nécessitant par ailleurs un traitement approprié. « C'est un événement prioritaire pour nous », lance Joseph Yankeu, représentant du directeur général de Canal 2 International à Yaoundé. Si l'on n'est pas encore effectivement entré en
action, l'on affine tout au moins les stratégies. « Nous sommes encore au stade de la réflexion stratégique. Nous suivons ce qui se passe sur le plan institutionnel avec la récente session parlementaire », indique Parfait Siki, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Repères. Mais il est clair : « Ce n'est pas à nous de donner le la de la campagne. C'es une tâche qui incombe aux hommes politiques ».
C'est également le stade de la réflexion pour les chaînes de radios, à l'instar de Radio Tiemeni Siantou (RTS). Le chef de chaîne, Eugène Messina relève que l'heure est « au recyclage des journalistes qui vont assurer la couverture des élections », histoire d'inculquer des notions de déontologie à toutes ces personnes. Si l'entreprise n'a pas toujours les moyens d'organiser une telle formation, l'appui de certains partenaires du Cameroun à l'instar de l'Unesco est toujours bien accueilli. La même préoccupation de mise à niveau du personnel est partagée par les responsables de Canal 2.
Sur l'entrée en scène des uns et des autres, certains comme le quotidien Mutations semblent avoir pris une longueur d'avance avec un supplément mensuel de quatre pages. D'autres comme la RTS, attendent de se lancer dans l'arène seulement deux mois avant l'élection. Le véritable problème ici est celui des moyens. Si Joseph Yankeu indique que son organe va déployer des moyens supplémentaires qui serviront notamment à l'acquisition d'un nouveau matériel, il relève par ailleurs qu'autant il s'agit « d'un événement particulier », il est par conséquent, souhaitable « que l'on nous aide ». Un problème de ressources financières qui amène Repères à envisager « une campagne urbaine ». « Il va être difficile de couvrir les zones les plus reculées, même s'il est vrai que la campagne y est parfois très dense », relève Parfait Siki. Son journal, comme la plupart de ceux paraissant au Cameroun, va subir des aménagements, avec des espaces spéciaux pour l'événement. L'on envisage également ici de suivre systématiquement ceux que l'on appelle « les grands candidats ». Mais le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire reconnaît que le journal devra déployer des ressources financières supplémentaires. L'entrée en campagne de la RTS deux mois avant l'élection se justifie aussi par la rareté des ressources financières. D'où le clin d'œil de certains de ces organes d'information en direction des pouvoirs publics pour un soutien financier.
« Les journalistes doivent remplir leurs missions » [interview]
Pr. Michel Tjadé Eonè, enseignant des Sciences de la Communication à l'Université de Yaoundé II.
Comment jugez-vous la couverture médiatique de la période préélectorale au moment où le Conseil national de la Communication vient de boucler ses assises à Yaoundé ?
Je voudrais dire d'entrée de jeu, que dans un contexte démocratique - et le Cameroun est une jeune démocratie qui se construit- les médias sont intégrés dans le jeu politique en tant qu'arbitre, en tant que régulateur. Par conséquent, dans une période préélectorale, même si nous sommes à 5 mois de la prochaine élection dont nous ne savons pas officiellement la date, les médias doivent se préparer à jouer leur rôle. Ce rôle est celui de la bonne information. Une information traitée dans un souci d'équilibre et d'objectivité. Une information qui respecte l'Etat dans ses trois éléments constitutifs, c'est-à-dire le territoire, la population et le gouvernement. Cela veut dire que le média qui accepte cela doit être à mesure de donner la parole à toutes les composantes sociales surtout à toutes les formations politiques qui sont parties prenantes à l'élection en préparation. Toujours en contexte de démocratie, les médias, parce qu'ils sont très nombreux comme c'est le cas au Cameroun, et parce qu'ils vivent un climat de concurrence, ont besoin d'un organe de régulation. C'est théoriquement le rôle que doit jouer notre Conseil national de la Communication (CNC). Réguler, c'est assurer un fonctionnement normal. Et pour qu'un organe de régulation comme le nôtre puisse jouer pleinement ce rôle, il lui faut un minimum d'autonomie. J'ai envie de dire d'indépendance. Mais le CNC dans sa forme actuelle et selon ses textes constitutifs, est un organe consultatif placé auprès du Premier ministre. A partir de cet instant, l'on peut s'interroger sur la capacité d'un tel organe à réussir une véritable mission de régulation.
La régulation des activités médiatiques pourra-t-telle se faire de la même manière en 2011, avec plus de structures privées qu'en 2004?
Il faut d'abord savoir comment les médias ont assuré la couverture médiatique des élections en 2004. Vous avez raison de dire qu'en 2011, le paysage politique d'abord a changé en termes de pluralisme des partis politiques. Le paysage médiatique s'est aussi considérablement enrichi de nouveaux venus dans le domaine de la presse écrite, mais surtout dans le domaine de l'audiovisuel. Il s'est donc libéralisé, et nous vivons, pour le bien des téléspectateurs et des citoyens, un véritable pluralisme médiatique et audiovisuel. Dans un tel contexte, les principes qui sont ceux d'un traitement équilibré de l'information doivent prévaloir plus que jamais. C'est-à-dire que les journalistes, qu'ils soient ceux du secteur privé ou du secteur public, doivent remplir leurs missions en pleine possession de leurs moyens professionnels dans le strict respect des règles déontologiques de leur métier. C'est-à-dire traiter l'information de façon impartiale, couvrir tous les événements à caractère politique, avant l'élection et surtout pendant la période de la campagne électorale jusqu'au jour du scrutin et même au-delà. Il faut éviter le parti pris idéologique. Cela peut-il être plus possible aujourd'hui qu'en 2004 ? Je voudrais le souhaiter. Il n'y a pas une régulation du secteur privé. Il n'y a pas une régulation du secteur public. Il y a une régulation.
Comment réagissez-vous lorsque des responsables des médias à capitaux privés indiquent attendre une aide du gouvernement dans le cadre de la couverture de la prochaine élection présidentielle ?
Si un responsable de média privé tient ce discours, je suis étonné. Prenons un pays comme les Etats-Unis d'Amérique où le secteur de l'audiovisuel échappe presque totalement au contrôle de l'Etat. Il relève à plus de 95% de l'initiative privée. Il s'agit d'organes qui sont indépendants, vivent de leur capital, recherchent et trouvent leurs sources de financement sans avoir à s'adresser à l'Etat. N'oublions pas que les médias privés au Cameroun revendiquent leur indépendance. Il faut donc que l'on soit conséquent. Si l'on revendique son indépendance, on ne peut pas en même temps se constituer prisonnier d'un financement qui pourrait limiter votre marge de manœuvre. Je dois cependant reconnaître qu'il est du devoir régalien de l'Etat de participer au bon fonctionnement des médias, au nom de la démocratie, et en vue du bon fonctionnement du pluralisme. Il s'agit de tous les médias, y compris ceux du secteur privé.