Nous savons bien aujourd'hui pourquoi il est indispensable d'économiser l'électricité. Elle est en effet essentiellement produite par les centrales nucléaires, dont on connaît les risques, et les problèmes posés par les déchets radioactifs, et par les centrales thermiques, qui fonctionnent au gaz, au charbon ou au pétrole, des énergies fossiles dont on connait le rôle dans l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
L'éclairage de nos logements représentant environ 10% de la consommation d'électricité en France, il est nécessaire de trouver des moyens de la réduire. Et c'est vrai que l'arrivée des ampoules basse consommation sur le marché a été unanimement saluée car elles consomment environ 5 fois moins d'énergie que les ampoules classiques pour un éclairage équivalent, et elles durent beaucoup plus longtemps, 8 000 heures en moyenne, contre 1 000 heures pour une ampoule classique, et entre 2 000 et 3 000 heures pour un halogène nouvelle génération.
Ces ampoules sont en outre recyclables à 93%.
L'Union Européenne n'a donc pas hésité à arrêter, dans le cadre du paquet climat-énergie, un calendrier de retrait progressif des ampoules traditionnelles de 25 à 100 watts, et l'arrêt total de leur commercialisation à partir du 1er septembre 2012.
En France, les fabricants se sont même engagés dès 2008, avec le Ministère du Développement durable, dans une démarche volontaire de retrait progressif des ampoules à incandescence.
Du mercure et des champs électromagnétiques
Les Français ont bien compris tout l'intérêt écologique et économique, et en termes de développement durable, de ces nouvelles ampoules. D'ailleurs, 50% des ménages les ont adoptées malgré leur coût très élevé et leurs défauts importants: éclairage jaunâtre, long délai pour obtenir un bon éclairage, taille massive et forme souvent biscornue ...
Mais voilà que l'Ademe nous a rappelé dans un avis, que ces lampes fluorescentes compactes contiennent du mercure, un produit hautement toxique, et qu'elles émettent des champs électriques et électromagnétiques, comme les antennes relais, les bornes wi-fi et les téléphones portables par exemple, et également des rayonnements ultra-violets.
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La quantité de mercure contenue dans chaque ampoule est certes faible, en moyenne 3 mg, ce qui est par exemple beaucoup moins important que les piles qui en contiennent 25 mg. Mais, à grande échelle, le risque de pollution est très important. Et ce risque est réel. Il existe bien sûr des circuits de recyclage comme Récyclum. Mais ils ne sont pas encore suffisamment implantés, et lorsque ces ampoules sont hors d'usage, elles finissent le plus souvent dans la poubelle.
Quant aux champs électromagnétiques émis par ces ampoules basse consommation, ils posent également problème. A tel point que l'ADEME, suite à une campagne de mesures menée par le CSTB, et effectuées sur 300 lampes disponibles dans le commerce à partir d'un protocole élaboré par l'AFSSET, recommande pour les expositions prolongées, faute de données précises, d'éloigner, par précaution, d'au moins 30 centimètres les lampes de chevet ou de bureau qui en sont équipées. Car la valeur maximum du champ magnétique -indépendante de la puissance de la lampe- est située à proximité immédiate de la lampe. Ce champ décroit très vite avec la distance.
Quels sont donc les risques potentiels de ces lampes?
L'ADEME ne l'explique pas dans son avis. Elle estime qu'il n'est pas actuellement possible par les méthodes disponibles d'expérimentation de savoir quels sont les effets des champs électromagnétiques à une distance de moins de 30cm du corps.
Mais nous savons que les champs électromagnétiques augmentent la température de la partie du corps humain exposée, comme vient de le montrer une étude américaine publiée dans le JAMA (Journal of American Medical Association).
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Cette augmentation de la température locale serait-elle vraiment sans aucun effet ?
Et quid au delà de 30 centimètres ? L'ADEME se veut rassurante en précisant qu'" en usage courant (à partir d'une distance de 30 cm), pour tous les modèles évalués, le champ électromagnétique émis s'est révélé inférieur à la valeur limite d'exposition fixée par le Conseil de l'Union Européenne ".
Espérons que cette valeur limite calculée sur la base de normes encore très discutées et très imprécises est la bonne...Mais combien de fois n'avons-nous pas assisté à des baisses des valeurs d'exposition et des seuils de toxicité que ce soit pour les ondes, ou les produits chimiques...
Quant à la surexposition de la peau aux rayons ultra-violets, elle peut entrainer des modifications cellulaires.
Enfin le mercure peut entrainer de graves intoxications s'il est ingéré, par des enfants par exemple, après la casse d'une ampoule.
Préférer les LED ?
Les LED sont présentés comme une alternative plus sécurisante. Cependant, que ce soit en éclairage domestique ou professionnel, l'AFE (Association Française de l'Eclairage) met en garde, dans un avis publié en décembre 2010, les consommateurs afin qu'ils " ne se laissent pas abuser par des luminaires à LED ou des lampes à LED (à flux dirigé ou non) constitués d'assemblage de diodes, présentant une luminosité non contrôlée, un mauvais rendu des couleurs et une lumière non homogène ".
Ces produits, de médiocre qualité, ont en effet , selon l'AFE, un risque photobiologique élevé qui augmente dans le temps en cas de dérive de la stabilité du phosphore, prévisible pour les matériels de mauvaise qualité .
" Avant tout achat, il est donc important de s'assurer de la qualité du produit, de son adaptation à l'usage et du sérieux du fabricant " insiste l'AFE. Mais comment savoir en pratique quels sont les bons et les mauvais LED ? Et pourquoi les mauvais ne sont-ils pas tout simplement interdits ?
L'AFE conclut donc que si les luminaires ou les lampes intégrant correctement des LED de qualité ne présentent aucun risque pour l'utilisateur dans des conditions normales d'utilisation, en revanche, les luminaires ou les lampes à LED de mauvaise facture et/ou mal installés (ne respectant pas les normes d'éclairagisme et les bonnes pratiques) présentent un risque photobiologique potentiel pour les yeux de l'utilisateur lié à leur forte émissivité dans le bleu.
Message brouillé
Aujourd'hui, alors que l'intérêt de ces ampoules basse consommation et des LED pour réduire notre facture d'énergie sans renoncer à notre sacro-saint confort est évident, le message reste brouillé.
Certes les Français veulent bien réduire leur consommation et payer plus cher un produit qui va dans ce sens. Mais ils ne veulent pas exposer leur santé.
A vouloir aller trop vite et ne pas dire la vérité, le doute s'est installé.
Il ne faut donc pas s'étonner de voir se poursuivre les achats des bonnes vieilles ampoules à filaments. Des stocks sont même constitués...
José Vieira