Qu'est-ce réellement que le rêve ?
Où nous emmène-il et pourquoi rêvons-nous ?
L'INREES consacre un dossier spécial « Rêves » dans son nouveau magazine trimestriel n°10 (Avril - Mai - Juin 2011) pour tenter de décrypter cette expérience encore mystérieuse.
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Une vie de rêve…
C’est ce dont nous faisons tous l’expérience, la plupart du temps sans le savoir, les yeux fermés.
Si nous avons la chance de vivre septuagénaire, nous aurons passé plus de 23 ans à dormir, et plus de cinq ans à rêver.
Ce temps est nécessaire à la récupération nerveuse et musculaire.
Au cours des dernières années,plusieurs études ont mis en évidence la nécessité du rêve pour notre équilibre psychologique.
Photo © Philipp Schumacher
Mais au-delà ?
Errant dans des chimères qui mêlent désirs et frustrations, peines et joies de la journée écoulée, perdons-nous notre temps en dormant, et surtout, puisque c’est le sujet qui nous occupe, en rêvant ?
Ou bien notre esprit fait-il dans le sommeil l’expérience d’une seconde vie, aussi « réelle » pour la conscience que la vie éveillée en partie oubliée ?
Quand nous dormons, notre conscience dort-elle, ou est-elle en état modifié, capable de perceptions différentes de celles qu’elle permet à l’état de veille ?
Le rêve n’est-il pas un pont qui mène vers d’autres dimensions de l’esprit et du réel ?
Dans notre entretien avec l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, celui-ci rappelle que le rêve est souvent employé comme dispositif divinatoire.
Au Maghreb, dans les sanctuaires, il arrive que les personnes en souffrance « se couchent la tête au contact du tombeau. La plupart du temps le saint apparaît dans leur rêve pour leur délivrer des informations sur leur avenir ou sur leur présent caché. Le rêve est donc bien le lieu privilégié où l’on peut rencontrer les invisibles – ici le saint que la personne vient interroger. Dans ce cas, le rêve est bien vecteur d’un message destiné au rêveur. »
Le caractère télépathique et prémonitoire des rêves continuent d’ailleurs de faire l’objet de recherches en laboratoire.
Comme nous l’a expliqué Stanley Krippner, l’un des pionniers dans ce domaine, « les rêves ont leur propre temporalité et on ne peut attendre d’eux qu’ils observent les règles qui s’appliquent à l’état d’éveil. C’est pourquoi ils peuvent nous permettre un regard dans le futur, que nous ne pouvons avoir lorsque nous sommes éveillés. »
De multiples témoignages, peut-être aussi notre propre expérience, nous ont appris que les rêves sont parfois inoubliables, lorsque s’y mêlent des impressions fortes, une prémonition, une communication avec un être proche ou au contraire avec des figures qui semblent l’incarnation d’une sagesse supérieure.
C’est ainsi que pour les chamanes, le rêve est aussi le lieu d’un enseignement.
C’est en rêve que le chamane Laurent Huguelit affirme avoir appris le recouvrement d’âme.
Le rêve n’est pas seulement vecteur d’information, il est en soi thérapeutique.
La psychologue Brigitte Holzinger nous explique comment la maîtrise du rêve lucide peut être une cure efficace contre les cauchemars.
Praticien professionnel en Shiatsu et psycho-énergéticien, Michel Odoul raconte que le rêve « n’est pas simplement une communication (…) de l’inconscient individuel qui cherche à nous faire savoir ce qui se joue au plus profond de nous. Il peut effectivement être également un outil particulièrement efficace dans une démarche thérapeutique concernant le corps et ses souffrances ou ses pathologies. »
Enfin, le rêve est aussi une voie spirituelle privilégiée, comme nous l’apprennent les bouddhistes tibétains.
Nous nous languissons parfois d’une retraite dans un lieu isolé, de rencontres qui nous éclaireraient sur certains aspects de notre existence, d’une intuition qui orienterait nos choix…
Et si tout cela se trouvait à portée d’oreiller, dans le refuge de notre sommeil, au cœur du rêve ?
Allez au plaisir de vous lire ...