- Un site dévasté
L’Ukraine, qui à l’époque était soviétique, porte encore aujourd’hui le lourd fardeau de l’explosion du réacteur de la centrale de Tchernobyl. Le 26 avril 1986 à 1h23, l’horreur s’abat sur le pays et sème la terreur au sein des foyers européens qui craignent les retombées radioactives et leurs conséquences en termes sanitaires et écologiques. Cette catastrophe, provoquée par une erreur de manipulation lors de tests de sécurité sur le réacteur, fut le premier accident classé au niveau 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) et est considéré comme le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu’à présent.
Les dégâts ont été d’autant plus dévastateurs que l’évacuation des populations n’a débuté que le 27 avril. Les 45 000 habitants de Pripyat seront les premiers concernés. Informés par la radio locale, ils ont été emmenés par l’armée mais très vite les premiers symptômes d’une forte exposition aux radiations (nausées, diarrhées, etc.) ont commencé à apparaître chez beaucoup d’entre eux. Ce fut le début d’une importante mobilisation des pays pour protéger leur population des effets radioactifs de l’accident.
Entre 1986 et 1992, on estime qu’au total entre 600 000 à 800 000 individus en provenance de toute l’URSS, opérateurs de la centrale, sapeurs-pompiers, pilotes d’hélicoptères, mineurs, terrassiers, ouvriers, militaires ou civils, se sont relayés sur le site.
Une partie de leur travail était motivée par ce qui a été salué comme un acte de dévouement, voire un véritable « sacrifice », et plus largement par des promesses de salaires élevés et d’avantages sociaux (logements, places dans les crèches…) ou symboliques (médailles et diplômes) décernés par le gouvernement. En avril 2004, un texte de commémoration de la catastrophe provenant de l’Ambassade d’Ukraine en Belgique faisait état du décès de plus de 25 000 liquidateurs sur 600 000 depuis 1986. Selon un rapport provisoire de l’ONU de septembre 2005, sur plus de 200 000 liquidateurs en 1986-1987, 47 sont morts et 2 200 pourraient encore décéder des suites de leur exposition.
- Fukushima perturbe les esprits
La date du 11 mars 2011 restera gravée dans nos mémoires. La catastrophe de Fukushima a pour beaucoup été perçue comme une réitération de l’accident de Tchernobyl survenu 25 ans plus tôt. Estimé à un niveau de dangerosité de niveau 7, l’accident aura de nombreuses conséquences sur la vie des populations japonaises, et sur l’environnement du pays. D’août à novembre prochain, toute notre attention sera portée sur les efforts de l’opérateur Tokyo Electric Power Company (Tepco) pour colmater la brèche. Le 17 avril dernier, le groupe déclarait qu’il lui faudrait 3 mois à 6 mois pour faire en sorte que le niveau de radioactivité commence à baisser.
L’objectif premier sera de relancer le circuit de refroidissement et d’ainsi pallier aux problèmes d’inondations issus du travail de milliers d’ouvriers chargés d’injecter des tonnes d’eau au sein de la centrale afin de garantir une stabilité de la température des réacteurs. Cette eau, fortement radioactive, empêche les équipes de rétablir le système d’alimentation électrique des pompes. Plus de 60000 tonnes d’eau ont déjà été déversées et devront être décontaminées par l’opérateur Tepco dès juin prochain. La société s’est engagée à la stocker dans des cuves, des barges et une plateforme maritime pour éviter de nouveaux rejets dans le Pacifique.
L’objectif de ce plan d’urgence est avant tout de calmer la situation et de contenir les rejets émis par la centrale. La question du degré de contamination n’a pas encore été réellement abordée. Impossible encore d’estimer le taux de contamination par radio éléments de longue durée comme le césium 137. En attendant de maîtriser la centrale, l’urgence est donc de s’occuper des populations des zones contaminées. Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), l’autre association française indépendante, s’insurge : «Nous avons analysé des choux, épinards et salades d’exploitations situées à 80 kilomètres de la centrale. Ces échantillons dépassent les normes de consommation japonaises. Par ailleurs, nous avons eu accès à des analyses effectuées sur des aliments prélevés dans une zone plus proche de la centrale (entre 40 et 50 kilomètres), au-delà de la zone évacuée. Ils sont assimilés à des déchets radioactifs, qui contiennent des millions de becquerels par kilo. Il est inadmissible de laisser des gens vivre là.» La question n’est pas de savoir s’il y aura une «zone interdite» autour de la centrale pendant des décennies. Tout l’enjeu sera de définir son étendue.
- Avis de Sequovia
Cet anniversaire symbolise pour beaucoup la chute de l’impérialisme nucléaire né dans les années 50, suite à la seconde guerre mondiale. A l’époque, aucune préconisation n’avait encore été mise en place quant à l’élaboration de mesures sanitaires dans le cadre d’un éventuel accident atomique.
Bon nombre d’entre nous perçoivent aujourd’hui les dérives de ce système énergétique qui, bien qu’il soit sans émission directe de CO² pour l’environnement, pose la question de la radioactivité des déchets et, le cas échéant, des radio éléments directement rejetés dans l’environnement lors d’un accident nucléaire notamment. La recherche n’a cessé d’évoluer afin de pallier à ses différentes contraintes et d’assurer une meilleure protection de l’homme et de l’environnement dans lequel il s’épanouit. Pour autant, nous ne pouvons pas dire que les démarches vers une énergie plus propre soient d’un niveau tel que nous puissions espérer une reconversion du nucléaire par le solaire, l’éolien ou encore l’hydroélectricité.
En application au principe de précaution, chaque installation doit aujourd’hui justifier d’une étude d’impacts sanitaires et environnementaux qui permet de mettre en place les mesures adéquates pour minimiser les risques au maximum. Cependant, face à l’amplitude des conséquences de ces deux évènements, ne serait-il pas plus sage de tirer définitivement un trait sur cette source énergétique qui a connu son heure de gloire au profit d’énergies nouvelles, propres et durables ?