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Rencontre > La place de l'écologie dans notre société

Publié le 21 avril 2011 par Cécile Charrier

Ideo_christinne_castelain_meunier Nous inaugurons avec ce post une nouvelle rubrique "rencontre avec..." de l'Envers de l'étiquette où nous souhaitons donner la parole à des personnalités de divers horizons qui nous livrent leur regard sur l'écologie.
Sociologue de formation, Christine Castelain Meunier ouvre le bal. Elle a beaucoup étudié la place de l’homme dans la société et a notamment contribué à la création du congé paternité en 2002. Elle a publié au début de l’année un ouvrage co-écrit avec son mari Francis Meunier « De quoi est fait mon pull. Pas à pas vers l’écocitoyenneté » où elle fait le tri entre les différents comportements, les idéologies, les mensonges, les attentes et les illusions liées à l’éco-citoyenneté  et y  dégage aussi les actes susceptibles de changer véritablement le cours des choses. Elle a accepté au détour de quelques questions de nous donner son avis éclairé sur les enjeux de l’écologie dans la société.

Vous avez beaucoup travaillé sur les questions liées à la place de l’homme dans la société. Quel a été le déclic qui vous a conduit à écrire sur le sujet de l’écologie ?

Nous marchons beaucoup. Au cours de nos longues conversations nous parlions régulièrement d’écologie. Lui, physicien de formation, l’abordait sous l’angle technique. Comment la technologie pouvait aider à solutionner ces sujets. De mon côté je constatais que la référence à l’humain dans ces questions était étonnamment absente. Nous nous sommes aperçu que ces visions étaient complémentaires et avons décidé de travailler ensemble sur cet ouvrage.

On parle souvent des « bobo bio » quand on évoque les consommateurs de produits écologiques. Est-ce une réalité ?

S’il est vrai que dans les années 70 ces questions concernaient beaucoup plus les catégories favorisées, aujourd’hui beaucoup d’enquêtes montrent que le public est plus large. La prise de conscience de l’impact de la vie sur l’Environnement et le climat touche désormais de nombreuses personnes. Elles se posent beaucoup de questions sur l’impact du transport, de leur habitat, de leur alimentation sur la planète…

Y a –t-il une différence entre les hommes et les femmes dans la manière d’aborder ces questions ?

J’ai été très étonnée du résultat d’une enquête faite sur les cadres . En 5 ans le comportement des cadres homme avait nettement évolué. Au début de l’enquête ils pensaient, à la différence de leur homologue féminin, que les petits gestes ne servaient à rien et privilégiaient les grandes mesures. 5 ans après leur opinion avait largement évoluée et  ils accordaient beaucoup plus d’importance aux petites actions et pensaient qu’elles pouvaient véritablement changer les choses.

L’augmentation du prix du pétrole risque de changer les comportements en terme de transport, partage, confort de vie ? Qu’en pensez-vous ?

Les gens souffrent de solitude et en même temps autrui les dérange. C’est assez contradictoire. Alors s’organiser pour se déplacer à plusieurs n’est pas évident. Les gens ont conscience de leur égoïsme et n’en sont pas trop heureux. Ils ont envie de partager un peu moins mal, mais c’est des choses qui vont se faire doucement selon moi. La tendance pourtant est à la prise de conscience que les besoins de mobilité ne passeront plus nécessairement pas la possession d’une voiture

Dans votre livre vous décrivez plusieurs catégories de population en fonction de leur réaction face à l’écologie. Les défensifs sont à priori les plus durs à convaincre car ils ne pensent pas qu’il y ait vraiment de problèmes environnementaux. Pensez-vous qu’il existe des leviers pour faire réagir les plus sceptiques ?

Ce qui m’a frappé en travaillant sur ce livre c’est à quel point les gens sont demandeurs d’ information et surtout d’informations justes. Les choses sont très opaques à l’heure actuelle et si on leur apporte de la transparence cela peut vraiment les faire réfléchir. On sent bien que les comportements sont en train d’évoluer. Il faut être patient en revanche, car cela prend du temps. La société Casino m’expliquait qu’il fallait compter 2 ans pour la mise en place de l’étiquetage carbone sur une sélection de ses produits par exemple.

Votre livre est sorti au début de l’année, y a-t-il des réactions particulières engendrées par sa lecture ?

Les gens sont étonnés que l’on puisse faire le bilan carbone de son propre mode de vie et de ce que cela peut révéler. Cette méthode permet de prendre conscience des choses, d’éveiller la sensibilité. Ils réalisent que l’habitat et le transport constituent des postes lourds et que leurs initiatives et changements de comportements peuvent avoir des incidences importantes.

Il y a des comportements générateurs d’impact sur l’environnement qui sont totalement différents. Des comportements contraints comme par exemple un couple qui enchaîne les boulots précaires dans la journée et doit se déplacer beaucoup en voiture car il n’y a pas de transport en commun où ils habitent et des comportements induits par la mondialisation de l’économie un couple aisé qui se déplace fréquemment en avion pour son boulot ou pour des voyages personnelles et qui vit dans une économie plus mondialisée.

Ideo_dequoiestfaitmonpull
"De quoi est fait mon pull"
Christinne Castelain Meunier et Francis Meunier
Aux Editions Actes Sud


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