On en parle - Femmes écrivains à la « belle époque » en France & Italie

Par Benard

FEMMES ÉCRIVAINS À LA « BELLE ÉPOQUE » EN FRANCE & ITALIE

EMILIOSCIARRINO

Rotraud von Kulessa,Entre la reconnaissance et l'exclusion. La position de l'autrice dans le champ littéraire en France et en Italie à l'époque 1900, Paris : Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de littérature générale et comparée », 2011, 456 p., EAN 9782745321077.

Au début de son essai, Rotraud von Kulessa remarque « l’absence presque totale d’autrices » (p. 9) dans les manuels de littérature français et italiens, en particulier pour lexixeet le début duxxe siècle. De même, l’état de la recherche met en évidence la rareté des études sur la question. En France, les études de champ neutralisent la question du rapport des sexes ; en Italie, où les autrices de ce temps sont un peu plus étudiées, les essais sont surtout monographiques. Pourtant la Belle Époque connaît, pour de multiples raisons historiques, l’émergence de nombreuses femmes écrivains. R. von Kulessa regrette donc l’absence d’une « approche globale » et propose de revoir le canon : « nous en sommes toujours au stade de “l’archéologie” en littérature féminine. Il s’agit toujours de réviser le canon et de faire des découvertes » (p. 19)1.

La question du genre en littérature est d’emblée posée : on distingue deux courants méthodologiques, un courant « socio‑historique » et un courant « post‑structuraliste », souvent « difficiles à concilier » (p. 19). Cet essai se réclame surtout du premier : l’étude de champ socio‑historique appliquée à la question du genre. Avec prudence épistémologique, toute suggestion analytique sera nuancée face à la diversité, à la multiplicité des situations, des figures de « femme écrivain » en cette époque complexe et en deux pays aux racines culturelles communes, mais aux traditions littéraires bien distinctes.

Le contexte est ensuite rapidement évoqué : « l’époque 1900 » connaît une forte spécialisation des domaines littéraires, liée à l’autonomisation du champ éditorial. En France les statuts des femmes s’améliorent : leur accès au lycée est garanti (loi Camille Sée, 1880). La liberté de la presse (1881) permet le développement d’une presse féminine, élément déterminant dans la consécration des femmes écrivains. En Italie, où la situation est différente, la loi Casati (1860) contribue également à l’élargissement du lectorat potentiel, tandis que le développement de la presse favorise une circulation qui vient amortir des particularismes culturels régionaux, encore très marqués.

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