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La chanson des vieux amants

Par Vertuchou

Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est  l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime
Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
Oh, mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Et plus le temps nous fait  cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu  moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères

On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau

Mais c'est toujours la tendre guerre


Oh, mon amour...

Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour

Je t'aime encore tu sais je t'aime.

Jacques BREL


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