Même s’il convient de ne pas adopter une position caricaturalement critique, l’Aide au paiement d’une Complémentaire Santé apparaît assez surprenante. En raison de l’abaissement des remboursements effectués par l’Assurance Maladie, de nombreux Français se voient dans l’obligation de souscrire un contrat de mutuelle santé. Or, une mutuelle santé n’est pas accessible à toutes les bourses ce qui provoque un phénomène de protection sociale à deux vitesses. En effet, les personnes pouvant adhérer à une mutuelle santé conservent un niveau de remboursement optimal alors que les autres doivent se contenter de la part accordée par l’Assurance Maladie. Néanmoins dans la mesure où ils ne bénéficient pas des moyens financiers suffisants pour se faire soigner sans remboursement intégral ou quasiment intégral, ils préfèrent souvent renoncer à l’idée de consulter un médecin. En conséquence, la question de la protection sociale ne concerne pas uniquement les mutuelles santé mais représente un jeu fondamental ayant directement attrait à la santé sur le territoire hexagonal.
Par voie de conséquence, les pouvoirs publics ont pris la décision de mettre en place un dispositif destiné à aider les personnes les plus défavorisées à souscrire une mutuelle santé. Si ce processus est tout à fait louable dans sa conception, il apparaît parfaitement incohérent. Il se pose la question de savoir pourquoi il est préférable d’accentuer les dépenses de l’Etat pour financer des mutuelles santé privé au lieu d’accorder directement des remboursements plus élevés par le biais du régime obligatoire de l’Assurance Maladie. Dès lors, cette question suscite de nombreuses interrogations et pose clairement le débat de la pertinence de cette stratégie. En tout cas sur sa finalité, elle est parfaitement légitime et rencontre d’ailleurs un succès considérable puisque plus de 700 000 personnes en bénéficient actuellement ce qui représente une augmentation proche de 18% en un an. Néanmoins, ce succès ne doit pas masquer l’étonnant choix effectué par les pouvoirs publics en matière de protection.