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Où va l'Allemagne ? (2/2)

Publié le 25 avril 2011 par Egea

Suite de mon article sur l'Allemagne. Depuis que je l'ai écrit, M. Westerwelle n'a pas démissionné.... Mais les relations avec les Français sont toujours aussi délicate.

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1/ Au fond, l'observateur s'interroge devant les deux tendances entre lesquelles est tiraillée l'Allemagne. On avait cru un moment, à la suite du gouvernement Schroeder et de la conversion du SPD et d'une partie des Verts ( le Grün Joshka Fischer était le ministre des affaires étrangères) que l'Allemagne reprenait une place dans les affaires du monde, qu'elle se normalisait et qu'elle acceptait, désormais, d'être exportarice de sécurité. Certains s'effrayaient même du tropisme allemand vers l'Europe centrale et la Russie, et voyaient une Allemagne fort dominante.

2/ Mais c'est une Allemagne qui semble se rétracter que l'on observe aujourd'hui. Et curieusement, cette Allemagne "seule dans ses frontières" semble être celle de la conservatrice Merkel. Une Allemagne qui jouit de ses succès économiques, et qui ne voit vraiment pas pourquoi elle paierait pour les autres. Une Allemagne engoncée dans son effondrement démographique, qui vieillit et obéit à une mentalité vieillissante.

3/ Le symbole de ces deux Allemagne, c'est l'arrêt de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, en juin 2009. En effet, cet arrêt subordonne les directives européennes à leur compatibilité avec la Constitution allemande, inversant dès lors une jurisprudence constante des droits européens. On peut y voir à la fois la première tendance allemande (je m'affirme) mais aussi la deuxième (je me replie). Cette contradiction n'arrive pas à être levée.

4/ Ainsi, France et Allemagne signent en décembre 2010 une lettre avec Varsovie sur la relance de la PSDC. Mais aujourd'hui, l'Europe de la défense est "pulvérisée" selon le mot d'Hubert Védrine.

5/ En matière d'économie en revanche, Mme Merkel est finalement entraînée par la solidarité européenne. Malgré toutes ses réticences initiales, les efforts français l’amènent, peu à peu, à affirmer la solidarité économique avec les autres pays européens (Grèce, Irlande, Portugal, mais aussi FESF et annonce d'un nouveau traité avec des critères plus durs de déficit ). Bien sûr, certains dénonceront une Europe allemande, ou encore remarqueront que c'est l’intérêt de l'Allemagne (son excédent est dû à ses relations avec les autres Européens, une sortie de l'euro pénaliserait un mark beaucoup trop fort, et une faillite grecque toucherait principalement les banques allemandes sous-capitalisées) : toutefois, malgré une opinion qui met du temps à comprendre ces raisons, malgré une situation électorale difficile, elle se résout à engager Berlin dans la voie de la solidarité européenne.

6/ En conclusion, on a du mal à suivre la politique étrangère allemande. Constatons enfin que la réaction politique à la crise économique se traduit par la cristallisation d'un parti : les Vert. A la différence du reste de l'Europe, ce parti nouveau ne se fonde pas sur des questions de repliement identitaire face à la mondialisation économique (comme tous les autres pays européens touchés par la crise économique) mais par une réaction identitaire face à la planétisation en cours (puisque la situation économique est florissante). Là encore, c'est une singularité allemande....

O. Kempf

liens sur l'arrêt de Karlsruhe :


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