Vendredi dernier, j'ai été conviée à la Vision-presse de Tomboy. de Céline Serammana Et comme je le fais à chaque fois que je vais visionner un film, je consulte le distributeur et les site cinéma où le film est déjà sorti (en France entre autre). Toutes les chroniques sans exception étant dithyrambiques , c'est sans aucun à priori, ni avec du plomb dans les godasses, que je me suis rendu au studio...N'oubliez pas qu'il faisait un temps radieux et qu'il faut être un peu "fou" pour s'enfermer dans une salle obscure quand il faut 30° au dehors...Quoique avec l'air-co cela fait du bien... Et bien m'en a pris. J'ai découvert un film frais, gai, rafraîchissant et porteur d'un beau message. Tomboy m'a également permis de découvrir quelques petits comédiens en herbe promis à un bel avenir....A commencer par Zoé Heran, que la réalisatrice a rencontrée le premier jour du casting, et qui est super convaincante en garçon! ! Le spectateur est tout de suite marqué par sa photogénie et ses attitudes. C'était la personne qu'il fallait pour le rôle de Laura/Michael..Jamais il n'a fallu retravailler l'attitude de garçon .
Elle a déjà ça en elle. Quand on lui a coupé les cheveux, ça l’a autorisée à l’avoir encore plus ! Cette dualité lui était familière mais il fallait la pousser à l’exprimer et à composer un personnage. Ce qu'elle fait à la perfection..sans oublier qu'elle aussi à la passion du foot. Il n'a fallu que quelques scènes d'essai pour convaincre la production qu'elle avait le naturel pour faire passer son personnage "ambigu".. En trouvant cette perle rare, la production n'eut pas beaucoup de mal à trouver les producteurs, dès qu'ils virent sa photo et percevaient immédiatement l’évidence qu’elle était véritablement le personnage. L’urgence du film était incarnée. ..Quant à Malonn Lévana sa petite soeur, criante vérité, elle a été choisie parmi une dizaine de petites filles de 5 et 6 ans, qui toutes anonaient et n'avaient aucun charisme, alors que ce petit bout enjoué en avait à revendre...La réalisatrice a été subjugée par la très grande maturité et le vocabulaire très étendu affiché par la gamine malgré son jeune âge. Le duo formé par les "deux soeurs" crève l'écran, et illumine les scènes intérieures. Ces scènes là sont un régal, et démontrent que Laure ne s'identifie pas à Michael, né d'un quiproquo, parce qu'elle étouffe chez elle, mais au contraire, la montre bien dans sa peau. Le cellule familiale est très soudée, mais c'est juste qu'elle veut-être admise parmis les jeunes enfants de la cité. Elle finira du reste par y amener sa petite soeur, qui se fondera sans aucune difficulté dans le groupe. TOMBOY a été tourné en 20 jours, avec une équipe de quatorze personnes, et une caméra à l'épaule, ce qui a permis d'entrer au coeur du sujet. J'en veux pour preuve, les scènes de foot, de bagarre, et lors du jeu "Action! Vérité!"
L'histoire a une saveur d’inédit, dans le sens où les questions d’identité pendant le temps de l’enfance ne sont pas si souvent traitées que cela au cinéma. Il y a presque un tabou dans l’évocation du trouble enfantin, que la réalisatrice traîte de fort belle manière, en ne placant pas l'enfant dans la problèmatique identitaire lourde. La question de l’identité pour l’enfant, personnage principal du film, commence et se termine par l’affirmation d’un prénom : Michaël / Laure…
Elle dit s’appeler Michaël à la faveur d’un quiproquo. Jusqu’à la séquence du bain, le spectateur qui ne connaîtrait rien au film décide seul s’il s’agit d’un petit garçon ou d’une petite fille. C’est le regard de l’autre qui décide de ce qu’on est. Cela questionne le regard du spectateur de la même manière que cela questionne le regard de Lisa qui pense que Michaël est réellement un garçon. Lequel se demande si (il) elle va être démasqué()e ou non et le spectateur avec elle. Cette trame permet l’identification et l’empathie. Les questions de genre et d’identité concernent tout le monde. Surtout à cette période de l’enfance où l’on parle de « déguisement » et non pas de travestissement.
Le troisième personnage du trio et non des moindres est Lisa, incarné par Jeanne Disson, une petite fille de son quartier, qui n'avait jamais joué la comédie, mais qui pour sa première apparition est désarmante elle aussi. Agée de 9 ans, elle paraît très enfantile, alors qu'elle assure le rôle d'une "grande" à côté des deux autres. L’enjeu et la difficulté sur le personnage de Lisa, avec une interprète si jeune, c’est la transparence qu’il faut afficher dans l’explication du rôle : jouer l’amoureuse d’une petite fille, affirmer des sentiments. Les personnages de Laure / Michaël et Lisa, sont des rôles où il faut composer, être au cœur des enjeux des personnages. C’est un vrai travail de comédien. C'est après avoir choisi ce trio que la production s'est mise en quète de la petite bande d’enfants qui entoure Michaël et Lisa....ce sont les vrais amis de Zoé dans la vie, une dizaine d’enfants, entre cinq et douze ans, avec qui elle jouait au foot.
Etait-il facile de les diriger ?
La réalisatrice: Oui et non. Les enfants fatiguent très vite et ils n’ont pas la notion deresponsabilité du travail : s’ils n’ont pas envie de travailler, ils ne travaillent pas. Il faut arrêter au moment qui est le plus juste pour eux et non pour soi. Avec vingt jours de tournage, cela impliquait la mise en boite de deux ou trois séquences par jour. Mais y a pas à dire, le résultat est bluffant. Pas un seul instant, le spectateur à l'impression d'assister à un film où tout est écrit, alors que cela l'est, tant les enfants sont naturels et donnent l'impression d'improviser..