Mathias m'attend. Comme en d'autres temps Shani, Lala , Yanosh, Marthe ou Etty. Il m'attend. Pas en 1915, dans l'ashram de Sri Aurobindo, à Pondichéry l'ignorée. Pas en 1937 au Philarmonich de Berlin, devant un parterre de "dignitaires SS". Ni devant le tombeau de Merlin le désenchanté, juste avant la mort de Maya et Petit Jim .
Ici et maintenant, Mathias , avec une tranquille impatience , comme tous mes personnages avant lui, attend que je lui donne son envol. Une ombre, un chant, quelqu'un de l'autre côté de ma terrasse qui joue du saxo, des rires énervés d'enfants qui s'ennuyent un peu dans le parc où d'autres personnages prirent racine, tout me ramène à cette évidence, Mathias m'attend.
Il se sait déjà présence et conscience, il Est déjà et me provoque de cette évidence... Pourquoi l'avoir créé, lui avoir donné chair de mots, habillé d'un destin encore en l'instant inachevé, puis suspendre sa destinée à mes doutes, à cette permanence de l'absolue nécessité de l'urgence, pour accepter en dernier recours, comme toujours, que l'acte d'écrire, de créer des Mathias impatients de prendre vie, m'est vitale.
Alors, puisque Mathias m'attend....