Dimanche 24 avril, le JDD publie les résultats d’un sondage portant sur les intentions de vote des ouvriers au premier tour de la présidentielle.
Le Pen arrive en tête avec 36%, soit davantage que le PS et l’UMP réunis (34%). Effrayant, bien que hélas pas si étonnant que ça : la candidate extrémiste retrouve le niveau de son père en 1995 et 2002, 2007 n’ayant constitué qu’une parenthèse avec le report provisoire du vote ouvrier sur Sarkozy.
Un autre enseignement de ce sondage peut paraître plus étonnant. Il s’agit du niveau extrêmement bas des partis de la gauche du PS : Mélenchon 2%, Besancenot 1%. Comment cela est-il possible ? Comment des candidats, qui fondent leur discours sur la dénonciation des effets du libéralisme et de l’exploitation des ouvriers par les patrons, peuvent-ils se retrouver avec 20 fois moins d’intentions de vote que la candidate de l’extrême droite ?
Prenons le cas de Mélenchon: candidat médiatisé, jugé caricatural voire populiste dans sa dénonciation des dérives du capitalisme, habituellement crédité de 6 à 8% d’intentions de vote pour le premier tour de 2012… et seulement 2% chez les ouvriers ? Tout comme le PS, l’extrême gauche serait-elle en voie de boboïsation ?
Le sociologue Alain Merguier expliquait la semaine dernière sur Lemonde.fr le décalage fondamental existant entre le discours de l’extrême gauche, et la réalité vécue par les personnes tentées par le vote d’extrême droite. Selon lui, l’extrême gauche focalise ses diagnostics et ses propositions sur la dimension économique de la mondialisation, et occulte en grande partie les difficultés d’intégration des personnes issues de l’immigration. Or, ces difficultés, réelles ou fantasmées, sont au cœur des discours de la candidate du FN… et visiblement au cœur des problèmes vécus quotidiennement par les ouvriers (puisqu’il s’agit d’eux dans ce sondage).
Intéressante question à creuser, qui confirme en tout cas que l’attitude à adopter face à la mondialisation sera une des questions fondamentales de ces présidentielles 2012.