Nouveau Dictionnaire de mythologie celtique

Par Ledinobleu

Jean Markale est le plus grand spécialiste des Celtes auxquels il a consacré de nombreux ouvrages. Ce Nouveau Dictionnaire de Mythologie celtique couronne donc les cinquante années de recherches qu’il a menées sur les textes fondateurs, les contes traditionnels ou les découvertes archéologiques. Le lecteur y retrouvera les innombrables personnages, dieux et héros, qui peuplent les célèbres légendes, complètement oubliés ou très connus (Lancelot, Merlin, Arthur, Guenièvre, etc.), les lieux qu’ils ont habités, les sanctuaires, les symboles, les cérémonies et les rites (Beltaine, Samain, la cueillette du gui…). Cette véritable somme, accessible à tous, permettra à chacun de retrouver l’une des racines les plus profondes et les plus mystérieuses de la culture française.

À travers leurs mythes et leurs légendes, les civilisation d’antan alimentent nos rêves et notre imagination. En narrant les exploits et les combats de héros qui symbolisent souvent ce qu’il y a de plus pur dans les valeurs humaines, ces récits de quêtes et de vaillance permettent aux jeunes esprits de se forger une vision du monde en accord avec les notions de justice sur lesquelles reposent toutes les civilisations. Mais ils permettent aussi de mieux saisir les spécificités d’une société donnée, celle qui a engendré ces contes, et ainsi ses aspirations et ses valeurs,… Bref, les mythologies constituent souvent une clé de prédilection pour l’étude d’une culture dans son évolution au cours de l’Histoire – et pour autant qu’on parvienne à ne pas perdre de vue le fossé qui sépare ces fictions de la réalité qu’elles illustrent.

On peut citer par exemple Siegfried de Xanten, héros de la mythologie nordique et figure centrale de la Chanson des Nibelungen. Beaucoup d’historiens voient dans Siegfried, et en particulier dans son combat contre le dragon Fáfnir, une transcription dans le domaine de la légende de faits historiques bien réels ; en l’occurrence, la bataille de Teutobourg, menée en l’an 9 par Caius Julius Arminius : fils d’un chef de guerre germanique, il devint otage et fut élevé à Rome comme un romain avant de revenir en Germanie en tant qu’homme de confiance du gouverneur local alors qu’il organisait en parallèle une rébellion contre l’occupant ; ses troupes – image de Siegfried – écrasèrent trois légions romaines – métaphore de Fáfnir – lors de la bataille déjà évoquée et cet événement crucial de l’histoire de la Germanie se transmit oralement au fil des siècles en se fixant peu à peu sous la forme d’une légende.

Ce sont des liens semblables entre réalités historiques et récits légendaires que nous présente Jean Markale dans ce Nouveau Dictionnaire de mythologie celtique. Ainsi pourrez-vous y lire les histoires abrégées – et supposées, en se basant sur ce qu’on a pu en reconstituer – des personnages bien réels qui inspirèrent des héros tels que le roi Arthur, l’enchanteur Merlin ou le chevalier Lancelot du Lac. Mais vous aurez aussi l’occasion d’apprendre quelle est la véritable nature du Saint Graal, au moins sur le plan symbolique, que la confrérie de la Table ronde avait un ancêtre appelée la Branche Rouge, et dont les héros ne plaisantaient pas, ou encore que la reine Guenièvre ne trompait pas Arthur juste avec Lancelot puisqu’elle s’assurait la loyauté de ses guerriers en leur prodiguant « l’amitié de ses cuisses » – entre autres…

Mais puisqu’il s’agit d’un dictionnaire et non d’une encyclopédie, n’escomptez pas y trouver de longs essais. Au lieu de ça, vous devrez vous contenter de courtes entrées, plus longues qu’une simple définition mais ne dépassant pas quelques lignes à peine la plupart du temps – à l’exception des figures et éléments majeurs, qui méritent plus de place. Cette brièveté des textes permet néanmoins une lecture facile de l’ouvrage : la plupart des entrées proposant des termes-clé à travers lesquels poursuivre la quête d’informations à quelques pages d’intervalle à peine, on apprend beaucoup en peu de temps – souvent d’ailleurs en retombant sur les mêmes termes, comme un serpent qui se mord la queue.

Si ce Nouveau Dictionnaire… ne s’affirme pas comme un ouvrage d’étude à proprement parler, il constitue malgré tout une synthèse éclairée et reste ainsi un guide idéal dans lequel picorer des informations ponctuelles qui, une fois mises bout à bout, permettent de se faire une représentation de la civilisation celtique non seulement informative mais aussi intrigante – ce qui donne la possibilité d’aborder ensuite, et dans la sérénité, des ouvrages à la fois plus longs et plus pointus.

Nouveau Dictionnaire de mythologie celtique, Jean Markale
Pygmalion, 1999
246 pages, env. 19 €, ISBN : 978-2-857-04582-3