DECALAGE
DECALAGE
Toi, tu arrives, pour moi, sans doute trop tard.
Moi, toujours aussi entier, pour toi je suis né un peu trop tôt ;
Depuis tout petit je veux toujours aller trop vite.
Sinon, peut-être aurions nous pu nous rencontrer,
Tu m’as même dit un jour ; “Tu parles trop“ ;
Alors, en métronome avisé je gère le temps ; sans toi, il ne passe pas vite…
Je peins et j’écris de jour comme de nuit
Toi tu bosses à fond et ta vie peut être que tu la fuis ;
Depuis tellement d’années je te cherche, voilà que je te trouve si vite.
Le problème ; un océan nous sépare, alors tu m’évites,
Comme ça pas de raison ni de motif ; ça t’arrange
Il y a l’âge, notre différence, puis la distance, elle me dérange…
Moi qui parle trop, j’ai tant de choses
A te dire, des douceurs, des mots sans épines,
Des désirs, des envies, des projets, des passions fleuries de roses
A t’offrir, là, sans toi, mon jardin se flétri, me chagrine ;
Des idées sottes et folles passent, pleurent en proses,
Dans mon esprit, sans toi, ma vie est orpheline…
Ici, le soleil aujourd‘hui ce matin, est déjà haut levé,
Pourtant en janvier le froid est glacial.
Pour toi, là-bas à Québec, la lune blanche est gelée,
La neige est un miroir de glace sur le Saint-Laurent,
Chez toi, à Québec en février, comme ici à Limoux, débute Carnaval
Il va passer sur sa place rituelle avec ses costumes au firmament…
Cette nuit j’ai encore eu un rêve ;
Jeune, trente ans à peine, je me vois en forêt, courir
Derrière un petit garçon, châtain à l’œil gris bleu, il rit aux éclats,
Puis, soudain le cauchemar torture le rêve ;
Mon petit ange disparait brusquement dans une ornière,
Haletant de peur je me réveille, le ventre, le cœur, le corps, l’esprit ; tout tremble, bat…
Dans ma tête tout au fond lourdement résonnent
Le tintamarre des cloches en glas d’une église
Est-ce le malheur funeste qui frappe et sonne,
Ou le joyeux baptême coloré qui carillonne,
Aucune âme vivante, ni personne
Ne gravi ni ne piétine le parvis de l’église…
Six heures à peine, je me lève, toi tu te couches ;
Je p’tit déjeune, traîne, me rase puis me douche,
Dans ma solitude, j’ai toujours l’impression que mon monde est en décalage
Permanent ; ma femme dort et vit sa vie en étrangère,
On se parle si peu, de moins en moins, le monde malicieux nous laisse faire ;
Tu es la seule pensée la seule personne vivant en moi ; je subi ton absence c’est un orage…
Je peins, j’écris, le reste de ma vie est un enfer ;
Tu es en moi à chacun de mes faits et gestes, pas sur ma terre,
Etrangement, Je peins, j’écris, pour ne pas me taire,
Je veux tout haut exulter, pour te le dire, je me terre,
Pour les autres, les gens, la rue, le paysage sublime, tout m’indiffère ;
Une unique pensée Claudia ; seuls, toi et moi, vivre ensemble dans notre monde en solitaire…
Georges Adrien PARADIS à Limoux le 31 janvier 2010 à 7h00