Article publié le 11 avril 2011 sur le Post.fr, journal participatif édité par le monde.fr.
Les traditions bien ancrées depuis des millénaires des confins de la chine aux recettes de grand-mères ont prouvé leur efficacité comme leurs contre-indications.
Pourtant, la législation européenne, qui n'est pas en mesure de nous garantir -malgré d'officielles évaluations- que les molécules synthétiques prescrites à tout va sont sans dangers, veut nous prévenir des conséquences sur notre santé de plantes pourtant bien connues pour leurs vertus thérapeutiques.
Pour ce faire, à partir du mois prochain, les plantes médicinales seront interdites en Europe et donc en France si elles n'ont pas reçu préalablement l'aval des autorités compétentes, c'est la directive THMPD (Traditional Herbal Medicinal Products Directive), directive 2004/24/CE du 31 mars 2004
l'Afssaps (l'Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé) précise :
"Il s'agit d'un régime d'autorisation spécifique (enregistrement) pour les
médicaments à base de plantes qui, parce qu'ils satisfont à certains critères,
peuvent être qualifiés de médicaments traditionnels à base de
plantes."
Pour ne pas être trop alarmiste sur ces mesures pourtant très graves et qui touchent aux libertés, vous pourrez toujours utiliser la camomille ou la verveine le soir pour dormir mais en veillant à en faire un usage purement alimentaire... à vous de juger de la nuance.
D'ailleurs il existe 148 essences en vente libre (hors pharmacie) apprenez bien la liste par cœur ici sur le site du gouvernement, afin de ne pas en faire pousser d'autres illicites dans votre jardin.
Mais tout n'est pas perdu, si le fabricant d'un mélange de plantes (drogue) devenues interdites par la directive peut prouver que son produit est utilisé depuis plus de 30 ans dont 15 ans dans l'union européenne, alors il peut continuer à le vendre sinon, il lui faudra passer par l'examen en laboratoire pour obtenir le précieux certificat.
Précieux est bien le mot, cet examen est très coûteux suivant le nombre de plantes utilisées dans le produit et peut atteindre 90 000€ à 120 000€ voire plus. Douloureuses analyses à mettre au compte profit pour les uns et perdues d'avance pour les autres.
Alors comment prouver que cela fait trente ans que le produit est consommé sans danger ?
" - B'jour M'sieur dames les contrôleurs, ça fait 31 ans que
j'consomme de la drogue, ben de l'herbe quoi... Voyez j'péte la forme !
- J'viens d'apprendre que si c'était d'la drogue locale... ben oui
elle a poussé dans mon placard... et ça fait plus de 20 ans q'j'achète les
graines à Amsterdam...
- C'est en Europe j'crois bien.
- Ben y paraît que j'peux avoir le certificat... "
Vous rigolez ?
© Scot Frei/Corbis/Scot Frei
Mais c'est terrible, les producteurs, importateurs et fabricants devront
forcément passer par la case analyse payante, et seuls les gros
laboratoires pourront payer.
Mais ce n'est pas trop pour nous vendre plus de molécules chimiques, qui sont
d'ailleurs sur la sellette des scandales sanitaires, mais plutôt pour s'emparer
d'une niche de marché trop juteuse pour la laisser à des non-professionnels du
profit.
Prenez le temps de lire l'analyse de Thierry Thevenin, membre du Syndicat S.I.M.P.L.E.S des producteurs-cueilleurs de plantes aromatiques et médicinales
Cette analyse vient en réponse au collectif pour la défense de la médecine naturelle qui propose une pétition largement diffusé sur le web et par voie de courriers électroniques.
Nota : cette pétition qui compterait plus de 100 000 signatures reste toutefois l'outil d'un collectif qui, s'il semble bien attentionné, ne divulgue aucunes informations quant à la nature, l'origine ou sur les auteurs du mouvement.