Postal
Résumé: Dans la petite ville de Paradise City, un loser (Zack Ward) à qui la vie ne sourit pas organise avec son oncle (Dave Foley) un braquage qui pourrait lui permettre d’enfin voguer vers de meilleures latitudes. Leur plan : dérober des figurines collectors dans un parc d’attraction local pour les revendre au marché noir. Seul problème, un groupe de Talibans, menés par Ben Laden en personne, est aussi sur le coup…
Souvent conspué (entre autres sur ce blog) pour ses adaptations cyniques et désastreuses de licences phares du jeu vidéo (Alone in the Dark, House of the Dead, Bloodrayne), Uwe Boll a réussit petit à petit à devenir l’un des réalisateurs les plus haïs de la planète. Et évidemment, lorsqu’en 2007 celui-ci sort Postal, nouvelle adaptation d’un jeu vidéo, tout le monde s’attend à un navet supplémentaire à ajouter à la longue liste de ses faits d’armes.
Mais finalement, Postal s’avère être un des films les plus fréquentables de son réalisateur, grâce à une liberté de ton bienvenue. C’est bien simple, du début à la fin, Postal est un gros foutoir, parfois jouissif, souvent raté, mais dans lequel Boll a au moins injecté sa personnalité. Non pas que le film soit bon, puisqu’il souffre de certains défauts récurrents de « l’œuvre » du réalisateur teuton, dont un rythme très inégal (le deuxième tiers du film est assez soporifique), mais il arrive plusieurs fois à faire mouche. Notamment dans une scène d’ouverture hilarante osant sans complexe pasticher ni plus ni moins que l’attentat du World Trade Center. Tel un sale gosse mal élevé, Uwe Boll tape sur tout et n’importe qui dans ce film : les islamistes, les extrémistes américains, les flics, les enfants, les chats (transformés en silencieux de revolver), voire même lui-même lorsqu’il se fait agresser par le concepteur du jeu d’origine refusant que son œuvre soit massacrée. Certains gags tapent juste (l’entretien d’embauche, l’épinglage en règle de la façon très libérale dont n’importe quelle secte peut devenir une religion officielle aux Etats-Unis), d’autres font sourire (Verne Troyer violé par une centaine de singes pour accomplir une prophétie), d’autres sont totalement à côté de la plaque (le flic qui assassine une conductrice qui n’allait pas assez vite à son goût), mais la bonne humeur communicative qui se dégage du film finit par remporter le morceau.
On est loin d’un chef d’œuvre politiquement incorrect que Postal voudrait être, mais on est aussi bien au-dessus d’un Hyper Tension 2, ce qui est tout de même assez surprenant et redonne un semblant de foi en les capacités de réalisation de Boll.
Note : 5.5/10
USA, 2007
Réalisation: Uwe Boll
Scénario: Uwe Boll, Bryan C. Knight
Avec: Zack Ward, Dave Foley, Chris Coppola, Jackie Tohn, J. K. Simmons, Verne Troyer
Faster
Résumé : Tout juste sorti de prison, un homme arrêté pour braquage (Dwayne Johnson) n’a qu’une idée en tête, éliminer les personnes ayant assassiné son frère sous ses yeux. Une vendetta sanglante et implacable qu’un flic blasé (Billy Bob Thornton) tentera de stopper avec une de ses collègues (Carla Gugino)…
On me demande souvent pourquoi je vais voir autant de films au cinéma, en particulier lorsque je sais par avance que le film que je vais visionner a de grandes chances d’être au mieux passable. La réponse est simple : parce que parfois, il survient un film duquel je n’attends rien et qui me surprend agréablement. Et rien que pour ce film, cela vaut le coup de se taper des dizaines de daubes. Faster est l’un de ces films. Un long métrage surgi de nulle part, avec un pitch pas forcément passionnant (Dwayne Johnson se venge des types ayant abattu son frère, on a vu plus bandant), un réalisateur pas génial (le soporifique biopic Notorious, c’était lui), et un titre évoquant la série beauf des Fast and Furious. Et pourtant, sans être une énorme claque cinématographique, Faster est au final un bon film.
C’est tout d’abord un film travaillé visuellement, avec des images léchées : une magnifique utilisation de décors variés, une photographie adaptée aux différentes scènes, bref une vraie recherche stylistique qui ravit la rétine sans tomber dans le tape-à-l’œil vulgaire. Les scènes d’action sont rares mais bien emballées (les deux poursuites en voiture sont assez percutantes et rappellent un certain cinéma des années 70), et la violence est sèche et directe (voir l’affrontement dans les toilettes). Mais surtout, c’est un vrai film, qui préfère faire parler les images plutôt que de tomber dans de longs tunnels dialogués. Les personnages parlent peu, en particulier celui de Dwayne Johnson, mais possèdent une vraie profondeur grâce à de nombreuses informations visuelles. Certes, parfois le réalisateur George Tilman Jr insiste un peu trop sur certaines informations, mais honnêtement, mieux vaut ça que des personnages déclamant leurs états d’âme à longueur de bobine.
Ensuite c’est un film qui tente une approche originale sur le genre usé jusqu’à la corde du film de vengeance. Au lieu de s’attacher uniquement au personnage en quête de vengeance, il suit pas moins de trois personnages principaux : le héros, incarné par un Dwayne Johnson à fleur de peau (et qui trouve ici certainement un de ses meilleurs rôles), le flic lancé à ses trousses (Billy Bob Thornton, toujours impeccable) et le tueur chargé de l’assassiner pour protéger les bad guys (Oliver Jackson-Cohen, insaisissable). Trois personnages liés par cette sanglante vendetta, et qui se partagent quasiment à égalité le temps de présence à l’écran. Un mélange étrange, parfois un peu raté (l’histoire du tueur et de son obsession pour cette dernière mission est parfois un peu en trop), mais assez unique. Le scénario se permet aussi de distiller les informations au compte-goutte, quitte à risquer de se mettre à dos le spectateur avec une scène d’intro percutante mais rendant le héros quasiment antipathique. En résulte un long métrage extrêmement dense (la quantité d’informations présentées en à peine plus de 90 minutes de film est impressionnante) et qui ne ressemble qu’à lui-même.
Exigeant visuellement, réussissant à être original sur un sujet archi rebattu, Faster mérite amplement un visionnage en salle malgré ses défauts, tant il est rare de voir des films d’action sortant des sentiers battus comme il le fait.
Note : 7/10
USA, 2011
Réalisation : George Tillman Jr.
Scénario : Tony et Joe Gayton
Avec : Dwayne Johnson, Billy bob Thornton, Oliver Jackson-Cohen, Carla Gugino, Jennifer Carpenter, Tom Berenger
L’Aigle de la Neuvième Légion (The Eagle)
Résumé : 140 après Jésus Christ. Marcus Aquila (Channing Tatum), le fils du commandant de la légendaire neuvième Légion (disparue sans laisser de traces en Ecosse) devient commandant de garnison en Grande Bretagne. Son rêve secret : restaurer l’honneur de sa famille en retrouvant l’aigle doré, emblème de Rome, qui a disparu avec la 9e légion. Pour ce faire, il va se lancer dans un périlleux voyage au-delà du mur d’Hadrien, seulement accompagné de son esclave Esca (Jamie Bell).
A l’instar de son compatriote Danny Boyle, Kevin MacDonald est un réalisateur touche à tout changeant de genre à chaque nouveau film. Après l’excellent thriller politique Jeux de Pouvoirs, il revient au pays pour mettre en boîte un péplum. Un genre décidément à la mode en ce moment au Royaume-Uni, vu que le Centurion de Neil Marshall est sorti il n’y a même pas un an sur les écrans. Et une fois encore, c’est la légende de la fameuse 9e légion qui sert de toile de fond à l’histoire qui nous est contée ici. Le film se passe en effet en 140 après Jésus Christ, soit une vingtaine d’années après la disparition de la célèbre légion et la construction du mur d’Hadrien, séparant l’Ecosse de la Grande Bretagne.
L’Aigle de la neuvième Légion est tiré d’une série de livres d’aventures pour adolescents, très connus au Royaume-Uni. Une filiation qui ne saute pas immédiatement aux yeux, vu que le film de MacDonald s’avère rapidement assez violent, ne lésinant pas sur les mutilations. Il s’ouvre sur l’arrivée de Marcus Aquila dans le poste avancé dont il a le commandement, place forte qui sera rapidement attaquée par les populations locales souhaitant bouter l’envahisseur romain hors de leurs terres. Une introduction bourrine révélant immédiatement une des faiblesses du film : MacDonald, dont c’est le premier vrai film d’action, ne semble pas très à l’aise dans les scènes de combat. Un défaut qui sera confirmé par les autres scènes d’action, dans l’ensemble assez brouillonnes, surdécoupées et incompréhensibles. Heureusement, celles-ci sont assez rares et ne composent pas l’essentiel du film.
Car L’Aigle de la neuvième Légion est avant tout une aventure épique, un voyage initiatique au cours duquel Marcus deviendra un homme et apprendra à connaître son esclave Esca. MacDonald est d’ailleurs beaucoup plus à l’aise lorsqu’il s’agit de filmer les deux hommes perdus dans l’immensité des paysages écossais, ou lorsqu’il met en scène le fameux peuple des phoques dans une cérémonie tribale à la fois magnifique et effrayante. Dommage cependant que le film accuse une baisse de rythme fâcheuse dans son deuxième tiers, ce qui fait parfois décrocher le spectateur. De plus, Channing Tatum et Jamie Bell ayant beau être excellents tous les deux (surtout le second, à l’ambivalence bienvenue), leur amitié soudaine semble un peu tomber comme un cheveu sur la soupe. On appréciera la présence au casting du toujours solide Donald Sutherland, et surtout de notre Tahar Rahim national (le héros d’Un Prophète) excellent en guerrier celte revanchard.
L’Aigle de la Neuvième Légion marque néanmoins les esprits par ses magnifiques paysages écossais, ses pointes de violences audacieuses (dont la mise à mort assez horrible d’un enfant), et surtout son scénario évitant le manichéisme en mettant dos à dos envahisseurs et colonisés, chacun étant tour à tour présenté comme plus barbare et plus civilisé que l’autre. Un film qui n’a rien de honteux, mais qui n’atteint pas le niveau d’excellence des précédentes œuvres du réalisateur.
Note : 6/10
Royaume-Uni, 2011
Réalisation : Kevin MacDonald
Scénario : Jeremy Brock
Avec: Channing Tatum, Jamie Bell, Donald Sutherland, Mark Strong, Tahar Rahim
The Door, La Porte du Passé (Die Tür)
Résumé : Pendant que sa femme est au travail et qu’il est censé garder leur fille Maja, David en profite pour aller coucher avec sa voisine. Lorsqu’il revient, Maja s’est accidentellement noyée dans la piscine de la villa. Cinq ans plus tard, David n’est plus que l’ombre de lui-même, n’ayant toujours pas réussi à se pardonner la mort de sa fille. C’est alors qu’il découvre une porte qui le ramène cinq ans plus tôt, le jour du drame. Il sauve sa fille, mais tue accidentellement son double du passé et se retrouve obligé de prendre sa place.
Grand Prix de l’édition 2010 du festival de Gerardmer, The Door est un thriller fantastique allemand des plus originaux. Débutant sur une trame classique très proche de celle de L’Effet Papillon (le héros change le passé mais se retrouve ensuite obligé de colmater les brèches engendrées par cette modification), le film prend cependant un virage radicalement différent à mi-parcours, que l’on taira ici afin de préserver la surprise. Disons juste que The Door peut être vu comme une version étonnante d’un classique de la science-fiction paranoïaque. Les rebondissements sont bien amenés et permettent de tenir en haleine le spectateur du début à la fin. Dommage cependant que la réalisation d’Anno Saul soit aussi plate (on a souvent l’impression de regarder un téléfilm), car un tel scénario aurait mérité un peu plus d’ampleur et de dramatisation.
Mads Mikkelsen est, comme à son habitude, excellent dans le rôle du héros dépassé par les événements. Un rôle d’ailleurs assez ingrat puisque le héros de l’histoire n’est pas à la base un type vraiment très sympa (sa fille se noie parce qu’il est allé coucher avec la voisine), mais auquel Mikkelsen apporte une grande humanité.
Même si The Door ne tient pas toutes ses promesses en termes de rythme, on retiendra surtout son excellent scénario et l’interprétation exemplaire de Mikkelsen. A découvrir.
Note: 7/10
Allemagne, 2009
Réalisation : Anno Saul
Scénario : Jan Berger
Avec : Mads Mikkelsen, Jessica Schwarz, Heike Makatsch