Publié le 23 avril 2011 à 05h00|Mis à jour le 23 avril 2011 à 05h00
Le Soleil
(Québec) «Tout gentleman se doit d'avoir trois exemplaires d'un livre : un à exposer et qu'il gardera probablement dans sa maison de campagne, un autre pour son usage et un troisième à la disposition de ses amis.»
Richard Heber est l'auteur de ce trait d'humour si britannique.
Collectionneur de livres et ami intime de Sir Walter Scott, il possédait plus de 150 000 ouvrages.
Aujourd'hui, c'est la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur. C'est l'UNESCO qui institua cette journée en 1996, jour anniversaire de la disparition de Cervantes et de Shakespeare.
Dans la région de Québec, le livre sera fêté dans la discrétion. Rien de particulier, sauf quelques activités pour les jeunes à la bibliothèque de Saint-Raymond-de-Portneuf ou à la bouquinerie Écolivres de Lévis. À Saint-Georges-de-Beauce, les préposés de la bibliothèque municipale remettront une rose aux abonnés.
La tradition exige que tout libraire qui se respecte offre une rose à chacun de ses clients.
En cette Journée mondiale du livre, je vous recommandeApologie du livre, de Robert Darnton, dont Gallimard propose la traduction française. L'auteur se penche sur la place du livre dans l'environnement numérique.
Parue en 2009 chez PublicAffairs, l'édition américaine était constituée de onze longs articles déjà publiés dans laNew York Review of Books. Gallimard a fusionné ces articles en six chapitres.
Qui est Robert Darnton? Un amoureux des livres, bien sûr. Historien spécialiste des Lumières et de l'histoire du livre sous l'Ancien Régime, il a dirigé la Oxford University Press et la bibliothèque de la ville de New York. Il a aussi enseigné à Princeton.
Aujourd'hui, il est le directeur de la bibliothèque de l'université Harvard.
Cette bibliothèque universitaire est constituée d'un réseau de 90 bibliothèques spécialisées. Avec ses 15 millions d'ouvrages, elle détient la quatrième collection la plus importante au monde.
Du propos de Robert Darnton, il faut retenir que le livre imprimé cohabitera longtemps avec le livre numérique.
L'un et l'autre ont leur place, et le papier n'est pas entièrement remplaçable par le numérique.
Il est vrai, cependant, que le livre numérique est l'outil parfait pour répondre à des besoins précis. Notamment du côté des publications scientifiques : le livre numérique réduit leur coût et élargit les possibilités d'échange entre chercheurs.
Robert Darnton en profite pour rappeler que l'avenir annoncé par Marshall McLuhan ne s'est pas vérifié : «La Toile, oui; l'immersion mondiale dans la télévision, à n'en pas douter; les médias et les messages partout, bien sûr. Mais l'ère électronique n'a pas entraîné la mort de l'imprimé que prophétisait McLuhan en 1962. La galaxie Gutemberg existe encore et l'homme typographique y lit toujours son chemin.»
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