On m’avait parlé il y a peu (et j’avais pu lire quelques avis sur différents blogs) de l’apparition d’une littérature sur commande, voltigeant sur le succès des jeux en ligne pour faire un business. La plupart de ces blogs décriaient la naissance d’une forme de « Fast-Lit » : livres vites écris, vite lus, vite oubliés. J’ai un peu trainé en chemin, mais je désirais réellement savoir ce qu’il en était. Pas mal de choix dans les librairies sur ce thème, Gears of War a raflé la mise sur quelques éléments….
Tout d’abord, comme d’habitude, l’oeil est attiré par la couverture. C’est une faiblesse de la majorité des lecteurs, je pense, de se faire avoir régulièrement sur le packaging. Ici, graphisme sombre, et des commandos suréquipés. Simple et efficace. Restait à lire le quatrième de couv’ :
Enfants, ces trois-là étaient inséparables. Puis Marcus Fenix, Dominic et Carlos Santiago se sont battus côte à côte à Aspho Fields, la bataille épique qui changea le cours des guerres pendulaires.
Il y a une autre guerre désormais, une guerre pour la survie même de l’humanité. Mais tandis que la dernière forteresse humaine sur Sera se prépare à un nouvel assaut de la Horde locuste, des fantômes du passé reviennent hanter Marcus et Dom.
Alors que les soldats de la Coalition des gouvernements unis, assiégés, se préparent à un dernier combat pour sauver l’humanité de l’extinction, les décisions déchirantes prises à Aspho Fields reviennent sur le tapis. Marcus et Dom peuvent résister à tout ce que la Horde locuste leur prépare… mais leur amitié survivra-t-elle à la vérité sur Carlos Santiago ?
Alors quoi ?
Oui, c’est un fait, marqué par nos années de JdR et de PbeM surtout Heat27, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver là quelques éléments de rapprochement. L’idée de lire le combat désespéré de l’humanité contre un envahisseur alien me plaisait bien. Ne connaissant pas le jeu, je faisais là ma première erreur : Gear of Wars ne se déroule pas sur Terre.
Qu’à cela ne tienne voyons de quoi il en retourne !
L’histoire.
Les frangins Santiago et surtout Fénix sont des guerriers. Alors même que les Locustes surgissent des entrailles de leur planète, ils étaient déjà des soldats d’élite. Mais voilà, il s’est passé un élément déterminant lors d’un raid sur Aspho Fieds, avant que les envahisseurs ne se pointent. Et ce qui s’est passé là-bas à sceller le destin de beaucoup des acteurs, pas seulement de ceux que j’ai cités.
Tous les principaux personnages de la série Gears of War, d’une certaine façon, sont nés lors de l’assaut sur Aspho Fields.
Alors qu’une nouvelle évacuation se prépare pour ce qu’il reste de l’humanité, Marcus et surtout Dom cherchent à se souvenir, par le détail, de ce qui est arrivé à Carlos.
L’auteur.
Karen Traviss est une journaliste, correspondante de guerre, qui a couvert de nombreux théâtre de batailles. On peut dire que cette formation sert formidablement son ouvrage. L’organisation des soldats, des camps, les mesures de sécurité et d’évacuation, jusqu’aux émotions des parties prenantes (en distinguant ceux du front et ceux de l’arrière) sont très bien rendus, et apparaissent comme réalistes. Rien que cela constitue une des forces de ce roman.
En passant, il convient de noter que Karen Traviss est l’une des rares auteurs à avoir l’autorisation de la part de Georges Lucas et ses ayants droits, de travailler sur la série de romans issus de l’univers Star-Wars (ce qu’ils valent, là, par contre, je ne sais pas).
Fond et forme.
Là, je vais être plus critique.
Clairement, même si je m’y attendais un peu, ce livre est fait pour les joueurs du jeu vidéo. Ce que j’entends par là, c’est que son accès est difficile pour quiconque n’a pas joué ne serait-ce qu’un petit peu. Le contexte de départ (lieu, époque, etc.) est à peine abordé (c’est à l’évocation d’une journée de 26h que je fus assuré que ce n’était pas la Terre, mais je ne sais toujours pas si celle-ci existe dans cet univers ou pas).
Quant aux locustes, c’est pire encore. Il semble que ces êtres disposent d’une pléiade de races, chacune jouant un rôle dans la société et disposant de particularité pour rendre un service. Au bout de quelques chapitres, j’ai dû me connecter sur internet, pour chercher de la doc et me faire une idée de qui étaient les locustes (si vous cherchez, vous devriez comme moi finir par atterrir sur un wiki dédié à gears of war).
Au niveau du rythme, rien à redire. On sent l’auteure très à son aise. Beaucoup d’actions, peu de descriptions qui ne seraient là que pour meubler. C’est efficace.
Par contre, le choix de la structure narrative… en fait, l’auteure a fait le choix de tronçonner son texte entre « présent » et flash-back. Ces aller-retours sont incessants. Ajoutez à cela le fait que le « point de vue » du narrateur change sans cesse : un coup Dom, un coup le major, un coup le sergent, un coup…. etc etc… Au bout d’un moment, c’est extrêmement frustrant. Ce d’autant plus qu’on tombe assez vite, à mon sens, sur le second problème de ce roman.
La faiblesse de caractérisation des persos.
En gros, les deux Santiago et Fénix (voire même la mamy vétéran ex instructeur), on peut sans problème les confondre, les échanger, tant leurs apparitions dans ce roman sont proches en terme d’émotions et de rendus (dialogues, pensées, actions, etc).
En conclusion.
Bien évidemment, ce Aspho Fields, je ne vais pas le garder en mémoire longtemps. Ce n’est pas le genre d’oeuvre dont on se rappelle les éléments, l’intrigue ou les persos des années plus tard. Néanmoins, même si techniquement cela a été assez dur de m’y émerger sans connaître l’univers, je retiens les qualités de l’auteur à « tenir » son lectorat. Et c’est déjà pas mal !