LE TORERO MORT
Du 29 avril au 25 juin
à Saint Gratien
Espace Jacques Villeglé – Lieu d’art contemporain
–
Centre culturel du Forum
Jean-Paul Chambas, Hervé Di Rosa, Lucio Fanti, Valery Koshlyakov, Christian Lacroix, Jean Le Gac, Philippe Louisgrand
L’Espace Jacques Villeglé présente une exposition singulière dont l’objet est de retrouver une pratique assez peu usitée aujourd’hui, la copie ou l’oeuvre hommage franchement inspirée d’un chef d’oeuvre.
Cette exposition collective présente un ensemble de créations, une (ou deux) par artiste, qui par leur format, leur composition, leur sujet, sont directement inspirées de l’oeuvre d’Edouard Manet intitulée L’homme mort ou Le toréador mort, une oeuvre très voisine par son sujet, sa composition et son format d’une oeuvre alors attribuée à Velázquez, Le soldat mort. L’objet de cette exposition est la transmission (XVIIème, XIXème, XXIème siècle), l’interprétation.
Sept artistes ont créé pour cette manifestation et leurs oeuvres sont accompagnées d’un ensemble conséquent de travaux préparatoires : dessins, photographies, palette graphique.
Jean-Paul Chambas et Lucio Fanti présentent chacun deux oeuvres, des huiles sur toile :
Chambas un diptyque à la palette dense, fidèle au Manet, au cadrage resserré, avec quelques amulettes chères à l’artiste et le corps coupé en deux par le diptyque pour dire la mort de cet homme au visage serein.
Lucio Fanti a peint deux champs de fleurs avec, au centre, imposante et estompée à la fois, l’ombre du torero mort, de l’homme mort, comme un corps invisible posé sur l’herbe et qui la couche. Une magnifique et élégante métaphore pour dire la mort et la renaissance.
L’oeuvre de Valery Koshlyakov, très proche du Manet, est saisissante de présence, surprenante, réalisée avec la maigre palette des quelques coloris d’adhésif d’emballage, une oeuvre d’une série, d’un ensemble important de reprises de chefs d’oeuvres de Raphaël, Caravage, Leonard de Vinci, Ingres, effectué avec la même technique.
Pour cette exposition, Hervé Di Rosa a créé quant à lui sur une toile au format exact de celle du Manet, une oeuvre intitulée Autre torero mort qui évoque un torero mort en mer en costume de lumières au large de la Colombie après un saut en parachute. Le personnage est comme en lévitation sur un fond abstrait aux couleurs de la mer et du sable de l’arène.
Jean Le Gac présente en un format panoramique un autoportrait en torero mort. La chemise est déchirée, ouverte.
Le costume a perdu ses accessoires, seule la manche du bras posé sur le sable est parée de ses lumières. Le visage est calme, serein. Un tableau d’un grand raffinement accompagné d’un photo-texte.
Philippe Louisgrand, déjà présenté à l’espace Villeglé, est tout aussi fidèle à l’oeuvre de Manet qu’à son travail, à sa technique : l’encre de chine très diluée dans l’eau pour ses “dripping figuratifs”, ces grands formats dans lesquels il excelle. Son torero mort, en lévitation sur un fond fluide, est comme une image sur un écran blanc long de trois mètres cinquante. Cette oeuvre est accompagnée d’un grand dessin préparatoire au fusain.
Enfin Christian Lacroix a créé pour cette exposition une installation spectaculaire. Au sol, le torero de Manet imprimé sur une moquette et quelques oeillets, au-dessus le costume, noir comme ses ornements : la dépouille du torero accrochée comme les vêtements de mineurs à une corde fatiguée pendue parmi d’autres au plafond à claires-voies. La cape accrochée à son torero est du même rose que celle du Manet et vient se poser sur elle. “… lui faire rendre son âme, sa dépouille laissée là comme la mue des serpents…”
Co-commissariat : Jean-Marie Bénézet – Ville de Saint Gratien