À l’abordage de gangs ferroviaires !
Plus qu’une mise en place, ce premier tome nous plonge non seulement dans l’ambiance originale de cette série, mais nous livre déjà une histoire bien ficelée à la fin surprenante.
Le décor très original, nous plonge dans un gang de noirs sillonnant le pays à bord de trains équipés comme des navires de guerre. Tels des pirates ils passent à l’abordage d’autres trains afin de piller les blancs !
C’est ce groupe de sauvages que le sergent Pearce, flic métis rejeté par les noirs et méprisé par ses collègues blancs, doit infiltrer pour enfin pouvoir démanteler ce réseau de gangs.
Parsemé de trahison et de racisme, Chauvel nous livre un premier tome attrayant.
Road movie parsemé de violence
Hamlet n’a rien d’un poète car c’est avec les armes qu’il parle le mieux. Ses meurtres n’ont rien de théâtral car c’est un pro. C’est un tueur à gages efficace, sans scrupules et c’était son dernier contrat : 2 femmes et un gosse pour 70.000$ !Huevo gobe trois œufs tous les matins et à tendance à tuer autant de personnes chaque jour, car ce jeune chicano a la détente facile, mais à l’inverse de Hamlet, lui (pour l’instant) ne tue pas pour l’argent, mais pour le plaisir.
Wendy, d’abord témoin unique du dernier méfait d’Hamlet, ensuite otage de ce dernier, puis, finalement fugitive complice (syndrome de Stockholm ?).
Ces trois personnages, poursuivis par la police, le FBI et le mystérieux commanditaire du meurtre, vont nous emmener dans un road movie parsemé de violence et, pensant souffler un peu, ils se retrouvent ici dans la petite ville de Glendale au Nevada. Malheureusement pour eux, le moment, ainsi que l’endroit, est fort mal choisi, car une veille histoire de vengeance va justement resurgir au milieu de cette petite ville et encore un peu plus compliquer leur cavale !
Démarrant sur un scénario très classique (un tueur à gages qui accepte une dernière mission), le scénario de cette série prend donc de l’ampleur dans ce 3ième tome en développant le passé de ce tueur et en entremêlant plusieurs histoires. Le dessin, quant à lui, colle à l’histoire sans être extraordinaire.
Voici un troisième tome qui est donc de meilleure qualité que les 2 précédents, dans une série sans message apparent, où des histoires parallèles et parsemées de violence plus ou moins gratuites se rejoignent sur les routes désertes du Nevada afin de nous livrer, dans la ligné de XIII, une histoire palpitante à rebondissements.
Nouveau road movie parfaitement orchestré !
Marc et Joël sont en cavale car ils viennent de tuer deux flics ! Joël, un jeune colérique de 22 ans qui a quitté un domicile parental fort désagréable vers 17 ans, a déjà été en prison et ça ne fait d’ailleurs pas longtemps qu’il en est sorti. Marc, issu de parents divorcés, n’a pas eu une enfance facile non plus, mais « heureusement » il a son pote Joël qu’il connaît depuis belle lurette.Pour l’histoire comme pour le dessin : c’est classique mais efficace. Ce qui fait vraiment la force de « Nuit Noire », c’est la façon dont Chauvel nous raconte l’histoire et qui rend impossible de refermer la BD avant de l’avoir terminée. Ce n’est pas le seul bon polar type road movie de Chauvel (« Les enragés »), mais c’est pour moi le meilleur.
Le lecteur va non seulement pouvoir suivre la fuite des deux compères et le tourbillon de violence qu’ils génèrent, mais également le procès de l’ami Marc, et cela tout en jetant de temps en temps un œil sur le passé et l’enfance des deux jeunes garçons. Ce dosage millimétré des différentes périodes de leurs vies va permettre au lecteur de se former une opinion sur nos deux meurtriers tout en découvrant leurs crimes. Il cherchera vainement des circonstances atténuantes afin de disculper ces deux personnages auxquels il s’accroche en cours de lecture, tout en sachant bel et bien qu’ils sont coupables.
Pour couronner le tout (et à l’inverse de « Rails »), Chauvel nous clos l’histoire de façon bien orchestrée ! Excellent polar !
Quant à dire que la version intégrale est moins chère, c’est quasiment un pléonasme, étant donnée que le deuxième tome est devenu quasi introuvable et donc hors prix ! Delà à trouver la version en noir et blanc meilleure que la version en couleurs, c’est une question de goûts ! Personnellement, j’ai su apprécier l’apport de Simon à ce niveau là !
Petite anecdote : L’appartement que l’on voit dans la scène du meurtre est celui où habitait Le Saëc (auteur de « Ce qui est à nous » et « Les enragés » avec Chauvel) à cette période. Lereculey c’est basé sur cet appartement pour dessiner celui de « Nuit Noire ».
Revisite des légendes arthuriennes !
Il aura donc fallu seulement sept ans au trio Chauvel, Lereculey et Simon pour nous conter la plus grande des légendes bretonnes : l’histoire du roi Arthur.
Se connaissant déjà bien (« Nuit Noire », « Rails »), ces auteurs originaires de Bretagne, ont su rester fidèles à l’ambiance des vieux textes sur les légendes arthuriennes tout au long des neuf tomes de cette excellente série.
C’est à l’aide d’une narration ancienne, basée essentiellement sur une voix-off qui accentue l’authenticité littéraire et qui donne un air de récit au coin du feu, que les trois se sont attaqués successivement à Merlin (Tome 1 : Myrddin le fou), Arthur (Tome 2 : Arthur le combattant), Gauvin le neveu d’Arthur (Tome 3 : Gwalchemei le héros), Kulhwch le cousin germain d’Arthur (Kulhwch et Olwen), les amants maudits Tristan et Yseult (Tome 5 : Drystan et Esyllt), la romance de Gereint et Enid (Tome 6 : Gereint et Enid), Perceval (Tome 7 : Peredur le naïf) et finalement Guenièvre, la princesse Picte et épouse d’Arthur (Tome 8 : Gwenhwyfar la guerrière).
C’est en consacrant ce dernier tome à Medrawt, le fils de Morgwen (la sœur d’Arthur), que se termine l’immense travail de recherche des auteurs sur l’histoire des chevaliers d’Arthur. Une vague de violence, d’émotions et de guerre va mettre fin au règne d’Arthur et à l’âge d’or du peuple de Bretagne, avec la sanglante bataille de Camlan comme point d’orgue.
Contrairement aux tomes précédents Chauvel utilisera la technique du flash-back pour la construction de cet ultime récit arthurien. C’est ainsi qu’il démarre l’album au moment où Arthur se voit interdire le retour en Bretagne après une expédition sur les terres de Llydaw avec ses plus vaillants chevaliers. A l’aide de retours en arrière Chauvel dévoilera petit-à-petit comment le neveu d’Arthur, qui avait réussi à sortir ce dernier de l’isolement après deux années de deuil, en est arrivé à cet acte de félonie.
Agrémenté de l’usuelle chanson de barde dans un style graphique osé et tranchant avec le reste du récit, cette conclusion de série, plus barbare que les tomes précédents, déborde de personnages bien typés. Le travail de Lereculey au dessin et Simon aux couleurs est d’ailleurs particulièrement réussi lors des nombreuses scènes de batailles qui viennent décimer les plus grands guerriers de l’histoire bretonne.
La préface de l’historien Jacques Le Goff et la postface de David Chauvel, replacent une dernière fois cette magnifique saga arthurienne dans son contexte historique.
L’histoire du crime organisé new-yorkais !
New York, mais pas le New York de Frank Sinatra, le New York de la Mano Nera, de la mafia, de la Cosa Nostra. C’est d’ailleurs de Cosa Nostra qu’est issu le titre de cette série qui retrace l’histoire de la mafia.Tout débute à New York, dans le quartier des macaronis en plein coeur de l’East Side, également surnommé Little Italy. New York au début du XXième siècle, New York à une période où un habitant sur six est italien. Ces travailleurs immigrés venus chercher leur bonheur aux Etats-Unis et qui par peur de ce nouveau monde vont ce regrouper dans l’East Side de New York afin d’y recréer leur pays d’origine : Little Italy.
C’est dans ce quartier que Chauvel et Le Saec (« Les enragés ») vont retracer les premiers pas de Salvatore Luciana, Alfonse Caponi et Francesco Castiglia, trois petits voyous que l’histoire retiendra sous le nom de Lucky Luciano, Al Capone et Franck Costello.
Une BD bien documentée, ce qui la rend réaliste et fait le charme de cette série. Le dessin est assez sobre, mais les personnages sont bien typés et surtout (pour la plupart) véridiques. Les amateurs de films sur la mafia sauront apprécier l’ambiance de cette série, avec la mafia et ses surnoms allant de Don Vito à Al Capone.
On se retrouve environs 8 ans après la fin du premier cycle qui coïncidait avec le début de la prohibition. Et on se rend vite compte que cette fameuse prohibition a eu le mérite de donner des ailes aux petits truands que Chauvel avait décrits dans le premier cycle.
Les premières organisations criminelles à grande échelle se forment et c’est ainsi que les Lucky Luciano, Franck Costello, Al Capone, Bugsy Siegel, Meyer Lansky, Vito et autres se regroupent afin de former le Big Seven.
L’alcool coule à flot, notre fidèle serviteur aux cheveux couleur brique est derrière le bar, le crime organisé roule sur l’or et quand il y a un pépin le groupe des sept se retrouve chez Moe et le sang finit par couler.
Le scénario reste historiquement fidèle et le dessin colle de mieux en mieux à cette excellente histoire du crime organisé new-yorkais.
Après une réédition du premier cycle de la série « Ce qui est à nous » en grand format de 46 pages, suite une parution initiale en petit format de 30 pages, la fin du deuxième cycle de cette série sonne apparemment l’heure d’un nouveau relookage.
Tout d’abord, c’est le titre assez indigeste de la série qui est modifié, pour un « Mafia Story » plus percutant.
Deuxièmement, avec une histoire en deux tomes, on s’éloigne du ‘one-shot’ parfois trop dense des deux cycles précédents.
Et finalement, si David Chauvel continue de nous conter l’histoire de la pègre new-yorkaise, l’auteur interrompt ici la chronologie de sa saga du crime organisé pour revenir à une période qui se situe vers le début du deuxième cycle de « Ce qui est à nous ».
C’est pendant cette période de la Prohibition aux Etats-Unis que les plus grands noms du crime organisé (Lucky Luciano, Meyer Lansky, Al Capone, Frank Costello, Arnold Rothstein) ont construit leur empire. Une prohibition voté le 28 octobre 1919 et qui donna non seulement des ailes aux petits truands que Chauvel avait décrits dans le premier cycle de « Ce qui est à nous », mais également à un certain Arthur Flegenheimer, que l’histoire retiendra sous le nom de Dutch Schultz.
Le premier tome de ce diptyque, baptisé «La Folie du Hollandais», s’attaque donc à l’ascension du jeune Dutch Schultz pendant cette époque glorieuse du crime organisé, l’âge d’or du mythe du gangster.
Comme pour « Ce qui est à nous », c’est à l’aide d’une voix-off omniprésente et documentation et références à l’appui, que Chauvel tente de respecter la justesse historique de cette nouvelle page du panthéon du crime.
Le dessin d’Erwan Le Saëc sied d’ailleurs parfaitement au côté historique du récit et nous plonge parfaitement dans ce New-York des années 1920, où les voitures passent en arrosant les clans rivaux de rafales de mitrailleuses.
Les lecteurs attentifs de « Ce qui est à nous » prendront plaisir à retrouver des personnages et des scènes du deuxième cycle de cette série, et iront même jusqu’à reconnaître notre fidèle serviteur aux cheveux couleur brique qui fait couler l’alcool coule à flot derrière un des nombreux bars qui inondent New-York d’un breuvage prohibé, mais extrêmement lucratif.
Les amateurs de films sur la mafia sauront également apprécier l’ambiance de cette série, tout comme les amateurs de New York, mais pas le New York de Frank Sinatra : celui de la Mano Nera, de la mafia, de la Cosa Nostra, que Chauvel et Le Saëc décrivent le plus fidèlement possible depuis plus de dix tomes.
Et comme il parait que le crime ne paie, c’est la chute de Dutch Schultz que nous contera cet auteur friand de récits historiques (« Arthur ») dans la deuxième partie de ce premier diptyque de « Mafia Story ».
Samuraïs & Légendes médiévales fantastiques !
Après les légendes arthuriennes (« Arthur »), David Chauvel s’attaque ici aux légendes médiévales fantastiques asiatiques. Il faut dire qu’avec « Okko » et « Samuraï » le genre à le vent en poupe.Le dessin de Boivin est très clair, les cadrages et la mise en scène cinématographique très réussis et les couleurs bien choisies. Les démons qui apportent une touche de fantastique jurent par contre un peu avec le reste du décor.
Ce premier tome nous livre un scénario efficace, avec des combats superbement choréographiés. Comparé aux séries « Arthur » et « Ce qui est à nous », où le lecteur pouvais parfois reprocher à Chauvel une narration trop excessive, cette série-ci est bien plus accessible, mais ce lit du coup également bien vite.
On ne sait pas encore trop où cette série prévue en huit tomes veut nous emmener, mais faisons confiance à Chauvel, qui n’a pas l’habitude de décevoir ses lecteurs.
Le casse du siècle version Heroic-fantasy !
Pour le deuxième album de cette collection au concept commercialement séduisant, basé sur le chiffre 7 (7 tomes, 7 missions, 7 équipes de 7 hommes, et surtout un défilé de 7 scénaristes et 7 dessinateurs assez alléchant), c’est le directeur de collection en personne qui se retrousse les manches. Et, c’est accompagné de Lereculey, avec qui il collabora déjà sur « Nuit Noire » et « Arthur », que David Chauvel s’attaque aux Sept Voleurs.Le scénario, pouvant se résumer au «casse du siècle version Heroic-fantasy» est assez classique et finalement bien moins original que celui des Sept psychopathes. Cependant, le recrutement des sept personnages (qui est la difficulté majeure de ce concept en one-shots) est bien mieux amené et se déroule de façon beaucoup plus naturelle que dans le premier tome.
Les personnages sont bien typés et caractéristiques du genre (orcs, nains, dragons, etc) et la relation entre les différents protagonistes est intéressante. Au niveau du graphisme, Lereculey livre non seulement des protagonistes savoureux, mais également de splendides décors.
Un deuxième tome à la trame classique, mais rondement mené. C’est maintenant aux sept pirates d’assurer la relève de cette collection.
Huis-clos captivant sur fond musical !
« Le casse », c’est une série-concept, genre « Sept », composée de one-shots indépendants, proposés par des auteurs différents et ayant comme sujet commun, le montage d’un casse d’envergure. Après un très bon premier tome signé Christophe Bec et Dylan Teague et un deuxième tome que je n’ai pas encore lu, c’est le directeur de collection en personne qui s’attaque au scénario de ce troisième casse.
Pour l’occasion, Chauvel nous emmène dans la prison d’Attica sur la trace d’un ancien butin de 20 millions de dollars. L’environnement carcéral est exploité à merveille et la négociation entre la brute de la cellule 701, alias the Soul Man, et son nouveau colocataire à la tête d’ange, aussi prenante que périlleuse. Déjà, Chauvel ne propose pas un braquage est classique, composé du traditionnel repérage, de l’élaboration du plan et du casse en lui-même, mais un huis-clos captivant parsemé de flashbacks qui lèvent lentement le voile sur cette vieille affaire maffieuse datant de 1964. Sur fond musical qui rend hommage à la soul des années 60, l’auteur fait preuve d’une maîtrise scénaristique totale. Proposant des dialogues qui sonnent juste et enchaînant les rebondissements, il livre un polar solide et intelligent.
Au niveau du graphisme, on retrouve un habitué du polar. Dans un style réaliste et usant d’une mise en images très cinématographique, Denys (« Comptine d’Halloween », « District 77″, « Dans la nuit ») accompagne parfaitement le scénario de Chauvel.