Le Parlement réuni en Congrès à Versailles a adopté définitivement par 560 voix contre 181 le projet de loi modifiant la Constitution afin de permettre la ratification du traité européen de Lisbonne. Mais cette petite péripétie politicienne ne doit pas surtout pas venir masquer la véritable affaire politique du moment : le crime de lèse majesté commis par Jean-Louis Debré, qui a osé dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas au sujet de l'attitude Nicolas Sarkozy. Bien entendu, la violence insoutenable des propos du président du Conseil constitutionnel lui vaut une volée de bois verts des gardiens auto-proclamés du temple sarkozien.
Tout d’abord, le co-régent de l’UMP, Jean-Pierre Raffarin, se montre le moins agressif en reconnaissant que Jean-Louis Debré "a raison de penser que la fonction présidentielle ne doit pas être désacralisée mais il devrait respecter un certain devoir de réserve dû à sa fonction". Avant d’en profiter pour faire un coup de lèche au couple présidentiel : "je suis heureux de voir que la situation est stabilisée car nous avons quelque peu souffert de l'instabilité" et de conclure par un superbe j’ai "confiance en la capacité de Carla Bruni à être la première dame de France. Elle a l'intelligence, la culture, le savoir-faire pour assumer cette responsabilité avec dignité". C’est pas beau d’être amoureux à ce point de femme de son chef…
C’est ensuite au tour du père spirituel, qui avait fait de Nicolas Sarkozy le porte-parole de son gouvernement et de sa déroute présidentielle en 1995, Edouard Balladur d’attaquer bille en tête : "j'ignorais que M. Debré était qualifié pour donner des leçons de retenue surtout lorsque je vois la façon dont il s'exprime alors que la Constitution impose au président du Conseil constitutionnel une totale réserve".
Mais le summum est atteint, comme souvent, par le chien de garde (animal peu fin intellectuellement, mais très fidèle et aboyant fort), Nadine Morano qui affirme que Jean-Louis Debré "doit prendre la mesure de sa fonction"… et elle de sa vulgarité.
Enfin, le grand chambellan, Claude Guéant vient clore le débat : "le président du Conseil constitutionnel doit être à l'abri de tout soupçon de partialité. Il n'avait pas à dire ce qu'il a dit".
Partialité et non respect du devoir de réserve, les accusations sont lourdes. Mais encore une fois, tout comme dans l’affaire de la Société Générale, la Sarkozie accuse sans preuve : depuis mai 2007, les décisions du Conseil constitutionnel sont tout sauf anti-gouvernemental… à commencer par la non censure des test ADN.
Et dire que François Miquet-Marty, le directeur des études politiques de LH2, ose attribuer la gamelle du chef de l'Etat dans les sondages à un "sentiment d'imposture : aux yeux des personnes qui ont une mauvaise image du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy n'a pas tenu ses promesses concernant le pouvoir d'achat, il ne s'occupe pas prioritairement des Français mais de lui, et il n'endosse pas les habits d'un président de la République. En un mot, il n'assume pas le rôle de président qui aurait dû être le sien".
On imagine déjà les accusations de partialité et de violation de la déontologie des sondeurs (si tant est que cela existe) qui vont frapper LH2… d’autant plus que le sondage est paru dans Libé.