« La poésie c'est la banalité seigneurisée. » Armand Robin
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« Où que s'en aille ton cadavre,
l'aigle le retrouvera. » (Jean-Louis Murat)
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Je n'ai jamais lu Houellebecq.
Et, l'ai-je lu, je n'ai toujours pas lu celui que les médias aiment détester
et,
aiment aussi aimer...
D'une part, c'est celle qui est de moindre importance, son exposition sera donc courte : je n'aime et je ne crois pas du tout, du tout en cette phrase « j'ai lu « untel » ! « Ah ? Tiens donc, tel un devin, l'avez-vous bien examiné alors ? Comment donc lui avez-vous ouvert le corps ? Etait-il volontaire le pauvre ? »
D'autre part, il m'est devenu très évident que les textes littéraires de Michel Houellebecq n'étaient que camouflage, maillage masquant...
Et puis,
Et puis,
que peut faire un lecteur,
1 lecteur,
de moins ou de plus
à un gusse
qui a reçu,
tel un bovin à la foire
un prix a accrocher
à son cou ?
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Je n'ai jamais lu Houellebecq.
Ses textes ne m'avaient jamais semblé « possibles », « approchables », « interiorisables ». Ce n'était pas un jugement définitif, non plus que négatif entièrement... Pour moi. Très intimement je ne me sentais juste aucune intimité avec ce qui alors était perceptible extérieurement. L'homme, ou, à tout le moins l'ombre d'homme que l'écrivain donnait à voir, parfois, lui, me semblait accrocheur, intriguant... Bref, plus poétique que sa prose.
Et puis il y eut cela. Evénement parmi tous les autres événements de l'aujourdemain toujours arrivant, toujours déclinant.
Loin de moi de dire ou penser que ce fut le « prix » attribué à Houellebecq qui m'ait décidé. Je ne dirais pas le contraire. Même si, vraiment, les prix attribués à un « livre », à un écrivain, à une jeune fille, à un gars musclé ou à une grand-mère... me font l'effet d'une cocarde accrochée au collier d'une pauvre vache dans une foire agricole... ce n'est certainement pas si gratifiant que cela.
Disons que cette occasion me fournit une occasion. Une émission radiophonique. Un entretien, et une phrase... comme un processus de raréfaction. Je n'ai pas retenu autre chose. Une phrase sur l'importance de la poésie et l'entièreté d'un chapitre « poétisé »... Or, peu de temps avant ce bref instant j'avais approché un livre, en furetant, comme souvent. Un livre de poèmes, recueil de poésies signé Houellebecq ! Après. Après l'auditif instant qui ne cessait de résonner, il me semblait qu'une lecture devenait possible, voire hautement probable.
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Michel, instrument littéraire du monde, le poète le juge !
« Le poète !... Le poète est le premier juge de l'humanité. Lorsqu'il siège, éclairé par le feu inextinguible du buisson ardent et lorsqu'il sent le souffle tumultueux passer sur son visage, c'est alors qu'il déchiffre dans le livre lumineux de la vie éternelle la lettre de son siècle, qu'il présage le chemin légitime de l'humanité, et condamne ses dévoiements. Mais aujourd'hui, ce juge prophétique est-il en état de prononcer son verdict irrévocable ? » (V. Odoïevski, Les Nuits russes)
Houellebecq a construit ses romans à partir de sa poésie... révélant (malgré lui ?) que la littérature c'est ce qui recouvre, détourne et inverse la poésie.
« ... une littérature complètement factice, une littérature de faux-témoins, une CONTRE-PAROLE est créée pour combler, par un mensonge habile, le vide que ne manquerait pas de laisser apparaître la suppression pure et simple de toute parole véritable. » (Armand Robin)
Une fausse parole, un mensonge déguisé d'une vérité-plus-vraie que « nature ».
Houellebecq, travaillé par le nihilisme plus qu'il ne travaille celui-ci, est la victime-contante. Le prisme talentueux par lequel l'époque peut se dégager du remord qui la travaille. L'écrivain est ici (un peu) l'image (néanmoins déjà moins que cela, réalisée-néantisée-virtualisée) du « bouc-émissaire ». Son travail portera les cicatraces écarlates, vermeilles de l'époque, les questionnements en profondeurs, l'éveil, le dégout, la réaction, le désabusement et les réponses cruelles-ironiques qui ne changent rien, n'impriment aucun sens supplémentaire, aucun supplément d'âme... et, à tout cela, la réaction de CE monde qui en sait la pertinence (mais aussi, toutefois, l'insignifiance face à sa propre puissance en expansion) sera la punition médiatique et puis... le rachat. Après l'acharnement, le rachat..., oui ! La littérature c'est ce qui a un prix !
Le processus, si il met à mal, la prose littéraire de l'homme (logique !), laisse intact sa poésie... (une autre logique) !
« Essayons d'oublier les anciens adjectifs
Et les catégories;
La vie est mal connue et nous restons captifs
De notions mal finies »
(M.H dans le recueil Renaissance)
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M.H : le « camarade » que vous aim(i)ez détester...
M.H. Le « raté » maudit. Quoi de plus « naturel » à ce monde que cet ingénieur informatique déclassé devenant le point focal haï/adulé du « monde littéraire »... ? Cet adulescent mal dégrossi en passe de devenir (en ayant trahi la poésie – ce que Baudelaire, cet autre « petit-bourgeois » mal dans son corps n'aurait osé faire...) référence littéraire avoue-confesse (révélateur ?) tout ce qu'il faut... : le nihilisme peut être positiviste mais pas mystique... Oui, le scientisme peut faire pardonner beaucoup d'errements de nos « jours » !
« M. Maudit plein de déchet
M. chéri plein de baisers
Hara-kiri comme un bébé... » (J-L. Murat)
Et pourtant, il reste la poésie...
« Dans la poésie ce ne sont pas uniquement les personnages qui vivent, ce sont les mots, ils semblent entourés d'un halo radioactif. Ils retrouvent d'un coup leur aura, leur vibration originelle. » M.H
...
Est-ce très positiviste ça ??
« Les religions sont finies ! »
« C'est triste mais c'est la vérité ! »
Il n'aime pas l'Islam mais pourrait disserter sur le bouddhisme (la plus scientifique des « religions » - logique pour un informaticien)... vain est l'effort philosophique des hommes (notre point de contact...), l'homme moderne a foi dans le néant, c'est une triste vérité...
autre point de contact... ? Non, car je suis vacciné de cette « réalité » que Houellebecq et quelques autres pseudo-lucides nous mettent sous les yeux (bardés de lunettes 3D pour rendre plus « réelles » la « réalité »..) ! Il lui a manqué le Verbe... Il a manqué le Verbe, voici la tristesse...
« La poésie, en réalité, précède de peu le langage articulé. » (M.H)
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J'ai « lu Houellebecq »...
La poésie ne l'a pas sauvé.
La littérature lui fera un enterrement « hors de prix »...
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Je l'ai lu,
Je laid lu...
A travers son corps de mot
A la traverse de son corps de mot,
Je l'ai vu
je n'ai pu
Je l'ai
pour ce qu'il a pu...
Put-il
s'évader du stérile
du puéril
?
je laid
je laide
de fictionnel
Son cadavre se raidit-il
Son cadavre se lut-il...?
De ses mots, morts, infertiles ?
Je l'aide
Michel
du fictionnel
crut-il
(croix-t-il)
capturé
la Vérité
indicible ?
Qui te signes
Qui te signeras ?
Banal éphémère événement
Qui te seigneurisera ?
N'as-tu pas raté ça
(aussi)?
Je ne laid
pas lu
pas eu