Un soir, quand il est près d'enjamber la fenêtre,
Le prisonnier qu'habite un patient génie,
Avec son traversin, sa veste et son bonnet
Fabrique un homme faux et le couche à sa place,
Car déjà le gardien se lève pour la ronde.
Puisse-t-il dans le feu clignant de sa lanterne
Voir un dormeur fantôme enfler les tristes draps !
Cependant l'homme vrai saute un mur après l'autre.
Sa prison se dissout dans l'ampleur de la terre,
Sa liberté grandit plus vite qu'il ne court.
Et lorsque les geôliers croient bondir à ses trousses,
À chaque pas qu'ils font sur la plaine sans traces
Le hasard et l'erreur s'ouvrent en éventail.
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