Max | Murailles

Publié le 23 avril 2011 par Aragon

... s'asseoir à l'ombre, à l'abri du soleil, essayer de trouver un coin de pierre, frais, pour poser son cul, son corps fatigué, si las, puis attendre dans la place désertée

attendre la dernière heure du soleil qui ne vient pas, une journée ainsi, des jours, des jours, attendre sans personne à ses côtés, la place est désertée

puis, marcher le long des tours dont les yeux minéraux sont éteints depuis si longtemps,  inutile vaillance frémissante des créneaux, marcher, marcher... toute petite silhouette sur le chemin de ronde brûlant de mille feux solaires, charnels, mais toujours inassouvis, marcher, marcher longtemps, il n'y a personne, la place est désertée

s'asseoir à nouveau et regarder au loin la ligne d'arbres qui se dessine sur la montagne, là-bas au loin, si loin... les broussailles empêtrées dans le désert de pierres sèches sont autant de doigts, de mains, sans nul bras qui les soutiennent, elles me saluent en grimaçant, je me surprends à tendre ma propre main au-dessus de la muraille,  pour répondre... ici aussi, la place est désertée

évidemment tu es là et tu me cherches faiblement - mon coeur - je ne te pensais plus vivant, tu bats dans l'enclos de ma poitrine, tu bats comme  celui de la pierre, qui n'en peut plus de ne pas se désagréger, ici dans la fournaise... si chaud...  oh ! si chaud, quelques gouttes de sueur perlent sur mon front, tombent sur mon nez puis sur ma bouche, me brûlent un peu le coin des yeux, oui, scruter, regarder, écarquiller les yeux, entendre le silence, espérer encore, attendre, mais il n'y a personne depuis si longtemps, c'est le vide autour de moi, ici, la place est désertée...