Le démarrage du récit : foudroyant, du genre à vous river à votre siège. Autre chose que le départ poussif du cyclo de Doc Gyneco quand il emballe Christine Angot.
Une femme est enlevée en rue. Du déjà lu ; quasi du banal. Mais le sort qu’elle subit est hallucinant. Après une poignée de chapitres on imagine mal comment l’auteur pourra aller au terme des 392 pages proposées. Impossible ! ça ne peut pas être pire. Les protagonistes : un fou sadique et Alex, sa victime, dont personne ne semble remarquer la disparition . Mais comme chez Ferré, quand c’est fini ça recommence .
Lemaitre est imprévisible. Il multiplie les changements de rythme. On voudrait avancer à toute bride, mais quelque chose retient de sauter la moindre ligne, tant chaque phrase est nécessaire. Lemaitre s’amuse à poser des lacets là où il sait attirer le lecteur. Alex n’est peut-être pas celle que l’on croit. Mais que croit-on au juste ? A coup sûr que l’on tient là un sacré roman, à dévorer toute affaire cessante.
Au Livre de Poche, sous le n° 32253 vient de paraître « Cadres noirs », tout aussi égarant, complément idéal à l’indispensable « Alex ». Autres titres disponibles au même catalogue : « Robe de marié » et « Travail soigné »
Marc Emile Baronheid
« Alex », Pierre Lemaitre, Albin Michel, 19,90 euros crédit photo Pierre Lemaitre ©